François Hollande a entamé vendredi au Kazakhstan une visite officielle de 48 heures dominée par un triple enjeu: l'intensification des échanges économiques mais aussi politiques et universitaires avec cette puissance émergente d'Asie centrale.
Dès son arrivée à Astana en milieu de matinée (heure locale), le chef de l'Etat a été accueilli en grande pompe au palais présidentiel par son homologue kazakh Noursoultan Nazarbaïev, qui règne sans partage sur son pays depuis l'indépendance acquise en 1991.
Après un premier entretien, le programme prévoit une conférence de presse conjointe, un déjeuner officiel, une allocution devant des forums économique et universitaire et une rencontre avec la communauté française d'Astana. A la suite de quoi François Hollande doit s'envoler en fin d'après-midi pour Almaty, seconde étape de sa visite au Kazakhstan.
Deux présidents français seulement se sont rendus dans cette ex-République soviétique depuis son indépendance: François Mitterrand, en septembre 1993, et Nicolas Sarkozy, en octobre 2009.
Au chapitre diplomatique, les présidents français et kazakh devaient évoquer les crises régionales, à commencer par l'Ukraine, le partenariat renforcé noué en octobre entre Bruxelles et Astana mais aussi, et peut-être surtout, l'Union eurasiatique portée par le président russe, Vladimir Poutine.
Moscou tente par ce biais de restaurer son influence sur les ex-Républiques soviétiques mais le président kazakh l'a clairement signifié à son puissant voisin du nord: son ralliement à cette organisation n'a qu'une portée économique et ne signifie en rien une allégeance politique.
Fort de sa position géographique, Astana entend plutôt s'affirmer dans un rôle pivot, aux confins de la Russie et de la Chine.
Au-delà de ces considérations diplomatiques, les questions économiques et commerciales devraient dominer cette visite. Premier producteur mondial d'uranium (et fournisseur des centrales atomiques françaises), le Kazakhstan regorge de pétrole, de manganèse, de fer, de chrome et de charbon. Mais il voit aussi son économie se diversifier et se moderniser à grands pas.
D'où la volumineuse délégation d'entreprises, petites et grandes, qui accompagne François Hollande. Au nombre d'une cinquantaine, elles comptent tirer leur épingle du jeu dans des secteurs aussi divers que la gestion des eaux et des déchets, les transports urbains, l'aéronautique, le spatial ou la construction mais aussi l'agroalimentaire, les énergies renouvelables, la santé et le tourisme.
- Droits de l'Homme 'évoqués' -
La liste de ces entreprises est à l'aune de ces ambitions: EDF, GDF Suez, Veolia, Suez environnement, Airbus, Peugeot, Sanofi, SNCF, Eiffage, Vinci, Areva, Total
Pas de contrat du siècle en vue cependant. "On ne se déplace pas pour signer des contrats" même si certains pourraient être conclus en marge de cette visite, explique l'entourage du président Hollande.
Le troisième axe de ce déplacement devait être le développement de la coopération universitaire et scientifique avec la présence dans la délégation d'une vingtaine de représentants d'universités ou d'établissements d'enseignement supérieur français.
"Le travail que nous menons sur le plan économique mais aussi universitaire contribue à moderniser le pays, à l'ouvrir et à former des cadres", expliquait-on à Paris à la veille de cette visite.
Une manière de répondre aux griefs des ONG de défense des droits de l'Homme. Le Kazakhstan pointe à la 161e place sur 180 dans le classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Et dans un rapport publié en juillet 2013, Amnesty International dénonce l'impunité dont jouissent les forces de sécurité dans ce pays et la pratique ordinaire de la torture dans les centres de détention.
Un dossier figure tout en haut de la pile, celui de l'oligarque kazakh Moukhtar Abliazov, détenu en France depuis plus d'un an et considéré comme une figure de l'opposition. La cour d'appel de Lyon a autorisé son extradition vers la Russie qui, tout comme l'Ukraine et le Kazakhstan, l'accuse d'avoir détourné des milliards de dollars.
"Nous n'intervenons pas dans cette affaire", indiquait-on cependant à l'Elysée à la veille de la visite de François Hollande, arguant du pourvoi en cassation formé par sa défense. D'une manière générale, poursuivait-on de même source, la question des droits de l'Homme "pourra être évoquée" lors des discussions bilatérales.
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