Au moins vingt personnes ont été tuées jeudi dans des combats entre rebelles tchétchènes et forces de l'ordre dans le centre de Grozny, dans une rare explosion de violences au coeur de la capitale tchétchène tenue d'une main de fer par le président Ramzan Kadyrov.
Les affrontements ont causé la mort de dix membres des forces de sécurité et en ont blessé 28 autres, selon le Comité national anti-terrorisme, qui a annoncé la fin de "l'opération anti-terroriste".
Dix combattants islamistes ont également été tués au cours des combats, a indiqué la même source plus tard dans la journée, sans préciser le nombre total des rebelles ayant participé à l'attaque.
Le corps d'un civil aurait aussi été retrouvé, selon une source au sein des forces de sécurité cité par l'agence de presse russe RIA Novosti.
Selon le Comité, cette attaque a été lancée à partir d'un rond-point par un groupe de combattants dans le centre de Grozny, qui a ensuite poursuivi les affrontements contre les forces de l'ordre dans une école et dans un immeuble en flammes abritant des médias locaux.
Il n'était pas encore possible de déterminer si les combattants ont visé ces bâtiments ou s'ils ont simplement été obligés de s'y retrancher, et si l'attaque impliquait un ou plusieurs groupes agissant de manière concertée.
Les assaillants se sont réclamés du principal mouvement islamiste de l?Émirat du Caucase, affirmant agir sous les ordres de son nouveau dirigeant, Ali Abou Mouhammad.
"De nombreux combattants sont entrés dans la ville", a affirmé un homme selon les sous-titres d'une vidéo postée sur le site kavkazcenter.com, ajoutant: "Nous nous battrons jusqu'à la mort".
- Nouveau cycle de violences? -
L'attaque, qui a eu lieu à quelques heures d'un discours très attendu au Parlement du président russe Vladimir Poutine, est un revers pour son protégé Ramzan Kadyrov, qui dirige depuis 2007 d'une main de fer la Tchétchénie.
Elle intervient aussi deux mois après la mort de cinq policiers à Grozny, alors qu'ils empêchaient un jeune kamikaze de se faire exploser à l'entrée d'une salle de concert bondée.
Sept combattants et deux policiers avaient aussi été tués dans des affrontements dans la république voisine du Daguestan début octobre.
Ces violences répétées ravivent les craintes d'un nouveau cycle de violences en Tchétchénie, à quelques jours du vingtième anniversaire du début de la première guerre russo-tchétchène, de décembre 1994 à août 1996, lancée pour étouffer les velléités indépendantistes de la république.
A la fin d'une seconde guerre, commencée au début des années 2000, la Tchétchénie a semblé retrouver un peu de stabilité, grâce entre autres à de vastes coups de filet dans les rangs de l?Émirat du Caucase, mouvement qui a commencé à s?essouffler ces dernières années avec notamment la mort en mars de son fondateur et chef, Dokou Oumarov.
Mais les liens récemment tissés avec le groupe État Islamique (EI), implanté en Syrie et en Irak et qui compte dans ses rangs de nombreux Tchétchènes, semblent avoir donné un nouvel appui aux combattants de l?Émirat du Caucase, notent des observateurs.
L'EI a ainsi publié en septembre une vidéo sur Youtube menaçant de déclencher une "guerre" en Tchétchénie et dans le Caucase pour les "libérer" de l'emprise russe.
"On oublie bien trop rapidement qu'on est loin d'avoir réglé la situation en Tchétchénie", prévient l'analyste Alexandre Tcherkassov, de l'association de défense des droits de l'Homme Memorial.
"Que veut dire cette nouvelle attaque? Que le maquis (de l?Émirat du Caucase) existe toujours, et qu'il est capable de lancer des attaques au coeur même de la république", souligne-t-il.
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