Enseignants, infirmiers, douaniers, agents des impôts, ou encore policiers Plus de 5 millions de fonctionnaires étaient appelés jeudi à désigner leurs représentants du personnel, un scrutin qui rend fébriles les syndicats.
L'un des enjeux majeurs concerne le score de la CGT, actuellement première force chez les agents, mais en pleine tourmente. Son numéro un Thierry Lepaon en grande difficulté notamment à cause d'indemnités reçues de la CGT Basse-Normandie.
Pour la première fois, les trois versants de la fonction publique (Etat, Territoriale et Hospitalière) sont concernés par ce scrutin à un tour, alors qu'en 2011 la Territoriale n'était pas partie prenante.
L'une des grandes inconnues du vote, qui sera un indicateur de la santé des forces syndicales du pays, concerne la mobilisation.
En début d'après-midi, les premiers éléments faisaient état d'une participation globale "très variable", a indiqué à l'AFP Brigitte Jumel, numéro un CFDT pour la fonction publique. Son homologue de la CGT Jean-Marc Canon a lui aussi évoqué des signaux contrastés, "avec une hausse en Alsace et une baisse dans la petite couronne en Ile-de-France".
Pour la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu, ce serait un "vrai souci" si le taux de participation était inférieur à celui enregistré lors des dernières élections, où il avait déjà fortement chuté, à environ 55%, contre 64% en moyenne lors des précédents scrutins.
Ce taux ne sera connu que vendredi soir et il faudra attendre encore plus longtemps pour avoir les résultats officiels permettant d'établir la représentativité des syndicats. Ils ne tomberont en effet que le mardi suivant même si certains indicateurs seront connus avant, comme le résultat du vote (par voie électronique) du gros bataillon de l'Education, attendu dès jeudi soir.
- Léger mieux dans l'Education -
La CGT, en tête dans les trois versants avec plus d'un quart des voix (25,4%), espère que ses difficultés internes ne se répercuteront pas dans les votes. M. Canon ne veut pas croire à un impact du mauvais "buzz" autour de Thierry Lepaon.
"De toute façon, il sera difficile de savoir quelle est l'influence réelle de ces +affaires+ sur les résultats", souligne-t-il.
La CGT a une solide avance de six points sur le deuxième syndicat, la CFDT. Mais les experts soulignent qu'un fort recul "serait une vraie alarme" pour l'organisation qui a subi plusieurs revers électoraux récemment, notamment chez Orange. Le verdict déterminera "si la crise interne s'aggrave ou si Thierry Lepaon a un sursis", souligne René Mouriaux, historien et politologue.
Du côté de la CFDT (19,1%), Brigitte Jumel estime que "l'enjeu est d'avoir un niveau de représentativité suffisamment élevé pour que le syndicalisme" porté par le syndicat "soit mieux reconnu dans la fonction publique".
Quant à FO (18,1%), son représentant Christian Grolier assure voir "les choses de manière positive" avec l'objectif de rester premier chez les agents de l'Etat "et même si possible de prendre la deuxième place sur les trois versants de la fonction publique".
Mais Bernadette Groison (FSU) ne cache pas que son syndicat veut reprendre la première place chez les agents de l'Etat, perdue en 2011. Ce recul avait été attribué par l'organisation (qui représente 8,2% des voix au global) au vote électronique des enseignants, son bastion, qui avait fait dégringoler leur participation à 39%.
Dans ce secteur, la participation était "dans les clous par rapport à la dernière fois", selon Mme Jumel, et elle serait même "très légèrement en hausse entre 40% et 42%", selon M. Canon.
Roland Hubert, co-secrétaire général du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, estime toutefois que "les choses sont compliquées encore cette année" avec le vote électronique, "un frein" à la participation.
"On a beaucoup de témoignages de collègues qui pour une raison ou une autre n'arrivent pas à récupérer leur identifiant, n'arrivent pas à leur espace de vote", dit-il à l'AFP.
Sur les trois versants, l'Unsa (9,3 %) et Solidaires (6,6 %) comptent aussi se faire entendre, tandis que pour la CFTC (4 %) et la CFE-CGC (2,9 %), l'enjeu est surtout de rester représentatives. L'une et l'autre se disent confiantes sur la possibilité d'obtenir un siège au Conseil commun de la fonction publique, l'instance chargée des questions touchant l'ensemble des agents.
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