Au moins sept policiers ont été tués jeudi par des rebelles tchétchènes qui se sont retranchés dans une école et un immeuble de Grozny, rare explosion de violences au coeur de la capitale tchétchène tenue d'une main de fer par le président Ramzan Kadyrov.
Les affrontements ont fait sept morts parmi les assaillants, selon le président Kadyrov, qui a affirmé sur son compte Instagram que "pas un seul ne sortira vivant" des bâtiments où les rebelles étaient toujours retranchés jeudi matin.
L'agence de presse russe RIA Novosti, qui cite une source policière locale, a annoncé la mort de sept policiers et 18 blessés, tandis que le Comité national anti-terrorisme a indiqué "des pertes dans les forces de l'ordre", sans donner de bilan chiffré.
Selon le Comité, un groupe de rebelles a lancé son attaque à partir d'un rond-point dans le centre de Grozny, avant de poursuivre les combats contre les forces de l'ordre dans une école et dans la "Maison de la presse", un immeuble abritant des médias locaux, emblématique de la reconstruction de la capitale tchétchène menée par le président Ramzan Kadyrov.
Il n'était pas encore possible de définir si les rebelles visaient ces bâtiments ou s'ils ont simplement été obligés de s'y retrancher, et si l'attaque impliquait un ou plusieurs groupes agissant de manière concertée.
Les assaillants se sont réclamés du principal mouvement islamiste de l'Emirat du Caucase, affirmant agir sous les ordres de son nouveau dirigeant, le cheikh Ali Abou Mouhammad.
"De nombreux combattants sont entrés dans la ville", annonce un homme selon les sous-titres d'une vidéo postée sur le site kavkazcenter.com. "Nous nous battrons jusqu'à la mort".
Le centre de Grozny, vide de passants et de voitures, était encerclé de barrages, selon une journaliste de l'AFP sur place. Un immense incendie dévorait toujours la "Maison de la presse" et des coups de feu parvenaient encore de l'école située non loin.
- Nouveau cycle de violences? -
L'attaque, qui a eu lieu à quelques heures d'un discours très attendu au Parlement du président russe Vladimir Poutine, est un revers pour son protégé Ramzan Kadyrov, qui dirige depuis 2007 d'une main de fer la Tchétchénie.
Elle intervient deux mois après la mort de cinq policiers à Grozny, alors qu'ils empêchaient un jeune kamikaze de se faire exploser à l'entrée d'une salle de concert bondée.
Sept rebelles et deux policiers avaient aussi été tués dans des affrontements dans la république voisine du Daguestan début octobre.
Ces violences répétées ravivent les craintes d'un nouveau cycle de violences en Tchétchénie, à quelques jours du vingtième anniversaire du début de la première guerre russo-tchétchène, de décembre 1994 à août 1996, lancée pour étouffer les vélléités indépendantistes de la république.
A la fin d'une seconde guerre, commencée au début des années 2000, la Tchétchénie, a semblé retrouver un peu de stabilité, grâce entre autres à de vastes coup de filet dans les rangs de l'Emirat du Caucase, mouvement qui a commencé à s'essoufler ces dernières années avec notamment la mort en mars de son fondateur et chef, Dokou Oumarov.
Mais les liens récemment tissés avec le groupe Etat Islamique (EI), implanté en Syrie et en Irak et qui compte dans ses rangs de nombreux Tchétchènes, semblent avoir donné un nouvel appui aux rebelles de l'Emirat du Caucase, notent des observateurs.
L'EI a ainsi publié en septembre une vidéo sur Youtube menaçant de déclencher une "guerre" en Tchétchénie et dans le Caucase pour les "libérer" de l'emprise russe.
"On oublie bien trop rapidement qu'on est loin d'avoir réglé la situation en Tchétchénie", prévient l'analyste Alexandre Tcherkassov, de l'association de défense des droits de l'Homme Memorial.
"Que veut dire cette nouvelle attaque? Que le maquis (de l'Emirat du Caucase) existe toujours, et qu'il est capable de lancer des attaques au coeur même de la république", souligne-t-il.
"Et ce, quelle que soit l'intensité du contrôle total sur les habitants, bien que ce soit sûrement à cause de ce contrôle que le maquis existe encore", ajoute l'expert.
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