Quelque cinq mille registres de condoléances ont été signés depuis le décès de Nelson Mandela le 5 décembre 2013, des pages calligraphiées aux quatre coins du monde d'où jaillissent la gratitude, l'admiration et l'inspiration suscitée par le père de l'Afrique du Sud démocratique.
Vibrante Babel d'hommages, ces registres seront en partie exposés à partir de jeudi au Centre pour la mémoire Nelson Mandela à Johannesburg où l'on pourra également réécouter certains des 11.000 messages laissés sur le répondeur de la fondation.
Soixante-six mille emails ont également été envoyés à l'époque, précise Razia Saleh, l'archiviste de la fondation, et sur plusieurs mètres de long, un mur tendu devant le Parlement sud-africain au Cap s'était couvert de messages.
"C'était très émouvant", se souvient Mme Saleh. "Certains pleuraient en écrivant".
Des registres avaient été ouverts partout, Santiago du Chili, Tachkent en Ouzbékistan. Des messages rédigés en les langues les plus exotiques, parfois ponctués de coeur, reliés sous couverture cuir à tranche dorée, ou simple classeur plastique.
Avec son stylo-bille débordant les lignes, Eihan Siemmel, petit Sud-Africain de 7 ans, a écrit: "Chanter l'hymne national fait de moi un bon joueur de cricket. Je le fais pour toi, Mandela".
Plus loin, Ketso, 4 ans, a dessiné une tête souriant de toutes ses dents, hommage à ce sourire venant de l'âme qui frappait les interlocuteurs du prix Nobel.
"Adieu et garde ton sourire. Nous ne permettrons jamais que ton héritage soit détruit", signe T.C. "Madiba, ons waardeer dre voorbeeld en menslikheid. Dankie, Dankie, Dankie" (Madiba, nous chérissons ton exemple et ton humanité. Merci. Merci. Merci), enchaînent en afrikaans Louwtje et Bettie Viljoen, des descendants de colons néérlandais.
D'un trait trahissant le grand âge, un chef traditionnel sud-africain salue Mandela à la manière d'un griot "ubeyinthlamvu yelangu emkhathini" (le rayon de soleil dans le ciel).
"Cher Madiba, notre roi d'Afrique, notre humble serviteur", dit un autre Sud-Africain, remerciant l'ancien président d'avoir pu étudier à l'université grâce à lui.
La plupart de ses compatriotes ont remercié, parfois avec des détails très concrets, pour les changements apportés par la fin de l'apartheid, dans leur vie ou dans le pays.
"Finalement nous sommes libres", résume Lwazi.
Ailleurs, des élèves d'une école juive de Toronto (Canada) ont rédigé des poèmes acrostiches. A Calcutta en Inde, le consul sud-africain a agraffé des lettres à entêtes terminant par "Yours-in-sorrow" (avec vous dans le deuil) d'une déférence toute orientale.
De Belfast en Irlande du nord est arrivé un cahier d'écolier, avec noms, prénoms et numéros de cellules des prisonniers de Mountjoy, succinctement complétés par un "Rest in Peace" (repose en paix), "J'admirais cet homme", ou "Perpétuité Belfast".
"On continue de recevoir des registres", observe Razia Saleh.
Beaucoup de messages disent la chance d'avoir vécu à la même époque que Mandela ou relatent le vide laissé par sa mort à 95 ans.
"Salut Nelson! :) Si tu m'entends, voici mes mots: tu nous manques. Tu as été l'un de nos meilleurs leaders. Fort, courageux comme un lion. Tu es comme Morgan Freeman (l'acteur afro-américain incarnant Mandela dans le fils "Invictus", ndlr). Comme des jumeaux! Mais tu es le meilleur des deux (). Repose au paradis. Tu as accompli de grandes choses. Viva", a écrit un anonyme de Hong Kong.
Au cours Sainte-Marie de Hann de Dakar, toute l'école, même les gardiens, a été sollicitée pour réfléchir sur la vie et l'oeuvre de l'ancien président sud-africain.
Nelson Mandela y est remercié pour son action contre le régime raciste d'Afrique du Sud, et dans un touchant anachronisme, pour toutes les conquêtes politiques des 19-20è siècles.
"Merci pour la lutte contre l'apartheid. Merci pour l'abolition de l'esclavage. Merci pour le droit de vote des femmes ()", dit un message de ce "livre d'or".
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