L'avancée du groupe Etat islamique "est en train d'être stoppée" en Irak et en Syrie, a affirmé mercredi la coalition conduite par les Etats-Unis, qui ont cependant prévenu que le combat allait durer "des années" et confirmé que l'Iran avait mené des frappes contre les jihadistes.
"L'avancée de l'EI/Daech à travers la Syrie et en Irak est en train d'être stoppée", ont indiqué les ministres des Affaires étrangères de la coalition contre l'organisation jihadiste à l'issue d'une réunion à Bruxelles, affirmant que les frappes aériennes commencent "à montrer des résultats".
"Nous n?avons constaté aucun changement", a au contraire déclaré le président syrien Bachar al-Assad, dont le régime est accusé d'avoir favorisé l'EI pour affaiblir l'opposition modérée qu'il combat sans pitié depuis 2011.
"On ne peut pas mettre fin au terrorisme par des frappes aériennes. Des forces terrestres qui connaissent la géographie et agissent en même temps sont indispensables", a souligné M. Assad à Paris-Match.
A Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de la coalition, qui compte une soixantaine de pays, dont onze pays arabes et la Turquie, tous ennemis déclarés de M. Assad, se sont engagés "à travailler ensemble".
Ils ont convenu d'une "stratégie commune, multiforme et de long terme pour affaiblir et vaincre l'EI", en tarissant ses sources de revenus pétroliers et en "stoppant le flux de combattants étrangers", qui forment environ un tiers de ses quelque 30.000 combattants.
Cette réunion de la coalition autour de l'Américain John Kerry était la première à ce niveau. Elle a débuté quelques heures après que Washington eut confirmé que l'Iran avait mené des raids aériens contre l'EI dans l'est de l'Irak.
Mais "rien n'a changé concernant notre politique selon laquelle nous ne coordonnons pas nos activités avec les Iraniens", a affirmé le Pentagone. Téhéran n'a pas confirmé, et, à Bruxelles, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a éludé les questions, disant "ne pas être informé".
Téhéran équipe déjà les milices chiites en Irak ainsi que des unités de l'armée irakienne avec des fusils et des lance-roquettes. L'Iran a également mis à la disposition de l'Irak des avions de combat Soukhoï Su-25.
Les premières frappes américaines contre l'EI, qui a proclamé en juin un "califat" à cheval sur la Syrie et l'Irak et a décapité plusieurs otages occidentaux, ont débuté le 8 août. Ils ont ensuite été rejoints par de nombreux pays, dont certains se contentent de partager du renseignement tandis que d'autres mettent à disposition drones et avions pour les bombardements.
-'Des revers et des progrès'-
"Nous allons mener cette campagne aussi longtemps qu'il faudra pour gagner", a affirmé M. Kerry à l'ouverture de la réunion à Bruxelles. "Notre engagement durera certainement des années". "Cela représente un effort à très très long terme, il y aura des revers et des progrès", a estimé un haut responsable américain.
"Plus aucune grosse unité de Daech (acronyme arabe de l'EI) ne peut se déplacer sans s'inquiéter de ce qui va lui tomber sur la tête", a assuré M. Kerry. "Les terroristes de Daech sont un fléau. Tout doit être fait pour l'éradiquer", a déclaré le ministre français Laurent Fabius. "L'action militaire de la coalition commence à porter ses fruits, notamment en Irak, mais il reste beaucoup à faire", a-t-il ajouté.
En Irak, les Etats-Unis ont reçu l'aide d'avions français, australiens, britanniques, canadiens, danois, belges et néerlandais.
Par ailleurs, depuis le 23 septembre, les Américains frappent des cibles de l'EI en Syrie, avec la participation de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de la Jordanie et de Bahreïn.
En 2015, cette campagne devrait coûter 5,6 milliards de dollars aux Etats-Unis.
"La solution nécessite des bottes sur le terrain, les bombardements sans un appui terrestre ne permettent pas d'en finir avec EI", a toutefois commenté le ministre espagnol José Manuel Garcia Margallo. Jusqu'ici, M. Abadi et les pays occidentaux ont exclu toute intervention étrangère au sol.
Outre les exécutions de prisonniers, l'EI commet des viols, rapts, meurtres de masse et crucifixions de civils dans les régions sous son contrôle, et les revendique même activement sur les réseaux sociaux. "Des crimes barbares" dénoncés mercredi par le cheikh d'Al-Azhar au Caire, une des plus prestigieuses institutions de l'islam sunnite.
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