L'Assemblée a adopté mardi à une large majorité, en dépit de l'opposition de la droite, la résolution socialiste sur la reconnaissance de l'Etat palestinien, un texte à portée symbolique au moment où les Palestiniens tentent de faire avancer leur cause à l'ONU.
Les éditorialistes des quotidiens français sont partagés mercredi face à ce vote d'une majorité de députés.
Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki a aussitôt "remercié le Parlement et le peuple français" alors que l'ambassade d'Israël en France a jugé qu'il allait "éloigner les possibilités d'arriver à un accord" de paix.
Dans le sillage de leurs homologues britanniques et espagnols, les députés français ont "invité", par une majorité de 339 voix contre 151, leur gouvernement à reconnaître officiellement l'Etat palestinien "en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit".
La quasi-totalité des socialistes, l'ensemble des écologistes et du Front de gauche, les deux-tiers des radicaux de gauche et une poignée d'UMP (9) et d'UDI (4) ont voté pour le texte, tandis que la grande majorité de l'UMP et la moitié de l'UDI ont voté contre. Seize députés se sont abstenus, dont les deux FN, alors que 48 UMP, 8 UDI et 6 radicaux de gauche n'ont pas pris part au vote.
La résolution avait été débattue vendredi à l'Assemblée, et le Sénat se prononcera sur un texte similaire le 11 décembre.
L'initiative socialiste, si elle ne lie pas le gouvernement, s'inscrit cependant dans un mouvement global en Europe considérant la reconnaissance comme un moyen de faire pression pour relancer un processus de paix moribond et sauver la solution des deux Etats.
Lors des explications de vote mardi, l'orateur PS François Loncle a insisté sur la nécessité d'envoyer "un signal de paix" face à l'impasse de la situation: poursuite de la colonisation, échec des négociations sous égide américaine et multiplication des violences meurtrières.
"C'est un symbole qui a de la valeur, car la voix de la France sur ces sujets a de la valeur", a renchéri le coprésident du groupe écologiste François de Rugy. "Le moment est venu de mettre fin au calvaire du peuple palestinien", a jugé le Front de gauche François Asensi.
- Extrême sensibilité -
Les débats ont montré l'extrême sensibilité du sujet en France où vit la première communauté juive d'Europe, dont le vote a fortement basculé à droite ces dernières années.
Quelques 150 personnes se sont réunies à l'appel d'associations pro-israéliennes près de l'Assemblée en brandissant des pancartes "Non à une résolution qui encourage les terroristes".
Après avoir hésité à ne pas prendre part au vote, le groupe UMP avait appelé à voter contre comme le préconisait Nicolas Sarkozy.
"Les dirigeants de la gauche parlementaire veulent imposer au gouvernement de la France la reconnaissance d?un Etat, comme si nous étions toujours sous la IVe République. Ils prétendent même que cette reconnaissance contribuera à la résolution du conflit. Franchement de qui se moque-t-on ?", s'est indigné le chef de file du groupe UMP Christian Jacob, évoquant une "résolution juridiquement nulle".
Plusieurs chauds partisans d'Israël comme les UMP Christian Estrosi ou Claude Goasguen ont accusé le PS de chercher à séduire un "électorat musulman" qui aurait été déçu par une politique de François Hollande trop favorable à Israël. "Le PS a aujourd'hui lâché Israël", a dénoncé l'UDI Meyer Habib, député franco-israélien de la circonscription des Français de l'étranger incluant Israël et les territoires palestiniens, fustigeant une tentative "de récupérer les banlieues".
Le président du groupe UDI Philippe Vigier a regretté que la résolution n'ait pas "été soumise à la cosignature des députés de tous les bancs et qu?il nous a été par ailleurs impossible d?amender".
Laurent Fabius était absent mardi car en déplacement à Bruxelles où il devait notamment parler de la Palestine avec ses collègues de l'Otan. Lors du débat vendredi, il avait affirmé que "la France reconnaîtra(it) l'Etat palestinien", sans cependant s'engager sur un délai. Paris se veut à la manoeuvre diplomatique sur ce dossier et le ministre des Affaires étrangères a relancé l'idée d'organiser une conférence internationale sur le Proche-Orient.
Mais les enjeux diplomatiques se situent actuellement à l'Onu, où les Palestiniens veulent soumettre au Conseil de sécurité un texte réclamant la fin de l'occupation israélienne en novembre 2016.
Ce projet, soutenu par la Ligue arabe, risque de se heurter au véto américain. Paris travaille donc avec ses partenaires européens à un projet alternatif demandant la reprise du processus de paix et qui prévoirait un délai de deux ans pour que la négociation aboutisse.
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