Des hommes armés soupçonnés d'appartenir à Boko Haram ont attaqué lundi la ville de Damaturu, dans le nord-est du Nigeria, secouée avant l'aube par des explosions et des coups de feu, ont indiqué des habitants à l'AFP.
Les détonations ont réveillé tout un quartier de la capitale de la province de Yobe vers 04H45 (heure locale, 03H45 GMT), selon un habitant du quartier, Umar Sada.
"Les hommes armés sont venus en grand nombre. Ils ont incendié les locaux de la police et se dirigent maintenant vers les quartiers résidentiels", a déclaré à l'AFP M. Sada.
"Nous avons quitté nos maisons. Nous sommes maintenant dans la brousse. Nous ne savons pas ce qui va se passer", a-t-il ajouté.
Un autre habitant, un responsable gouvernemental ayant requis l'anonymat, a raconté que "c'est le chaos dans toute la ville".
"Tout ce que j'entends de chez moi, ce sont des explosions et des coups de feu. Je n'ai pas pu me rendre à la prière du matin parce que ça a commencé avant l'aube et que j'ai peur de sortir", a-t-il dit.
Vendredi, un double attentat suicide, suivi d'une fusillade, a tué au moins 120 personnes à la grande mosquée de Kano, principale ville du Nord nigérian. L'attaque a été attribuée au groupe islamiste Boko Haram.
Les combattants islamistes, qui conduisent une insurrection de plus en plus violente depuis 2009 dans le nord-est du Nigeria, ont déjà ciblé Damaturu auparavant.
Le 18 juin, au moins 21 supporters de football avaient trouvé la mort lors de l'explosion d'une bombe alors qu'ils suivaient un match de Coupe du monde dans un lieu public.
Boko Haram avait revendiqué une opération sur Damaturu le 24 octobre, au cours de laquelle quatre bâtiments de la police avaient été attaqués à l'aide d'armes à feu et d'explosifs. Trente personnes, apparemment tous des soldats, avaient été tuées.
Yobe est l'un des trois Etats du Nord-Est les plus affectés par l'insurrection et où était en vigueur l'état d'urgence depuis mai 2013.
Le président Goodluck Jonathan a demandé une prolongation de cette mesure, mais le délai a expiré le 20 novembre.
Ces derniers mois, les attaques de Boko Haram sont devenues quasi-quotidiennes et le groupe s'est emparé d'une vingtaine de localités du Nord-Est, proclamant un "califat" dans les zones sous son contrôle.
La principale organisation de musulmans du Nigeria, JNI, a dénoncé dimanche l'incapacité du gouvernement à protéger la population et appelé les fidèles à "prendre toutes les mesures défensives" nécessaires.
Les attaques de Boko Haram et la répression de l'armée ont fait plus de 13.000 morts depuis cinq ans.
Boko Haram a été encore désignée après une nouvelle attaque perpétrée samedi soir à Shani, dans l'Etat de Borno. Il n'y a pas eu de victime.
Buba Umar, qui a fui à Maiduguri, la capitale régionale, a indiqué que les éléments islamistes avaient ce jour-là attaqué un commissariat de police et étaient armés de fusils d'assaut et de cocktails Molotov.
Les "terroristes" ont "détruit toutes les églises de la ville" et "de nombreux commerces", a affirmé un autre habitant, Manassa Samuel.
"La plupart d'entre nous ont fui en brousse (). La bonne nouvelle, c'est que personne n'a été tué", a-t-il ajouté.
Le porte-parole de la police de l'Etat de Borno, Gideon Jibrin, a confirmé l'attaque.
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