Peu habitués à battre le pavé avec des pancartes, les patrons français seront mobilisés toute la semaine contre 30 années d'une politique qui a, selon eux, "bridé" l'économie, et commenceront lundi par manifester à Paris et Toulouse.
Si les principales organisations patronales que son le Medef, la CGPME et lUPA (union professionnelle artisanales) sont unies sur le fond de la mobilisation, elles sont choisies des formes différentes.
La confédération des petites et moyennes entreprises (CGPME) appelle à des manifestations de rue ce lundi, l'UPA va publier une lettre ouverte à François Hollande, tandis que le Medef lance des réunions de militants et campagne sur les réseaux sociaux.
"Notre économie va mal. Elle est bridée par 30 années d'une politique qui a progressivement étouffé les entreprises de toutes tailles par une accumulation de charges, de contraintes, de taxes et de sanctions", ont-elles dit en annonçant à la mi-novembre leur mouvement, qu'elles veulent non marqué politiquement.
"Il y a une exaspération des chefs d'entreprise et une souffrance face à une situation économique très difficile", souligne le secrétaire général de la CGPME, Jean-Eudes du Mesnil, qui insiste sur trois points: "le compte pénibilité, l'interdiction d'embaucher quelqu'un moins de 24 heures par semaine et l'obligation d'informer les salariés en cas de cession d'entreprise".
"On ne sait pas les appliquer", dit-il.
Le coût annuel du compte pénibilité sera compris entre 500 et 600 euros par salarié, qu?il soit ou non concerné par le dispositif, selon une enquête réalisée par l?UIMM et publiée par le Journal du Dimanche
Quant au secrétaire général de l'UPA, Pierre Burban, il déplore "une baisse d'activité depuis le premier trimestre 2012" et "une angoisse de l'avenir chez nos chefs d'entreprise, qui ont mis leurs propres deniers pour construire l'entreprise et verront leurs biens disparaître avec elle, si elle disparaît, sans avoir le filet de sécurité de l'assurance chômage".
- Ministère de l'Economie cadenassé -
La plus visible de ces actions est la manifestation de lundi, à Paris et à Toulouse, à l'appel de la CGPME, du jamais vu de la part de cette confédération depuis l'introduction de la semaine de 35 heures de travail au début des années 2000.
Entre 2.000 et 3.000 personnes sont attendues à Paris, et 1.500 à Toulouse, derrière le slogan "PME/TPE CadenASSEZ! Libérez nos entreprises!".
Allusion à la phrase "j'aime l'entreprise" du Premier ministre Manuel Valls, les manifestants sont invités à se munir d'un cadenas, "à la fois une déclaration d'amour et en même temps un moyen, quand vous êtes liés, de ne pas pouvoir s'en sortir", commente le secrétaire général de la CGPME, Jean-Eudes du Mesnil.
"On apportera les clés pour montrer qu'on a les clés pour sortir des difficultés que connaissent les entreprises", a-t-il ajouté. Le président du Medef, Pierre Gattaz, tient régulièrement ces propos pour signifier que croissance et emplois viendront des entreprises.
Le cortège parisien s'arrêtera au ministère de l'Economie, où le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, devant le ministère "dûment cadenassé par nos soins", prendra la parole, annonce l'organisation.
Le Medef n'appelle pas à manifester, prônant "une mobilisation qui se veut à la fois positive, républicaine et pédagogique" avec des réunions de militants, des témoignages vidéo sur un site conçu à cet effet et une campagne sur les réseaux sociaux.
Néanmoins, l'enchevêtrement des fédérations professionnelles est tel en France que, de fait, un nombre important de grandes organisations professionnelles adhérentes au Medef participeront à la marche, car membres aussi de la CGPME.
L'UPA écrira une lettre ouverte publiée dans plus de 60 quotidiens au président François Hollande le 2 décembre et fera faire un tour de sept grandes villes de France à un autocar bariolé de ses couleurs bleu, rouge et jaune et portant le slogan "la croissance et l'emploi, c'est nous!".
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