La décrue se poursuivait dimanche soir dans l'Aude et les Pyrénées-Orientales, permettant le retour chez eux des quelque 3.500 déplacés dans ces deux départements où une montée des eaux encore plus dévastatrice que la "grande crue" de 1999 a fait un mort.
"L'ensemble des personnes évacuées dans les Pyrénées-Orientales (3.360, ndlr) ont pu rentrer chez elles", a indiqué vers 22h00 le sous-préfet Gilles Giuliani, à la cellule de crise du département. "La décrue se poursuit et l'évolution est bonne", a-t-il précisé.
Dans l'Aude voisine, la préfecture a également indiqué que les déplacés, qui étaient au nombre de 300 environ dans ce département, sont rentrés à leur domicile ou ont été accueillis dans leur famille. "Les décrues sont bien amorcées et plus aucun cours d'eau n'est en vigilance rouge", a-t-on précisé de même source.
Peu après 23h00, Météo France a précisé que les Pyrénées-Orientales, l'Aude et le Var étaient en alerte orange "crues". Dans le Var, quatre personnes sont mortes jeudi et vendredi et une fillette est toujours portée disparue.
Des pluies sont encore annoncées pour la nuit mais elles "ne seront pas soutenues", selon la préfecture. Le vent souffle de plus dorénavant vers le nord, ce qui favorise l'écoulement des eaux vers la mer Méditerranée.
Seule l'Agly, dans les Pyrénées-Orientales, reste en vigilance rouge même si, à 22h00, ses eaux étaient revenues à une cote proche de la normale.
C'est le long de ce cours d'eau, dans la commune de Rivesaltes, qu'est décédé dimanche un homme de 73 ans, victime d'une crise cardiaque "en voulant franchir en voiture une cuvette inondée", a indiqué la préfecture.
Il s'agit du 24e décès imputé aux intempéries dans le sud de la France depuis le début de l'année, sans compter les disparus.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a promis le lancement d'une procédure de classement en état de catastrophe naturelle "dès lundi matin" pour l'Aude et les Pyrénées-Orientales.
Elle sera examinée au conseil des ministres du 10 décembre, a-t-il indiqué après avoir rencontré des sinistrés qui étaient alors réfugiés dans une salle de spectacle de Rivesaltes.
La commune fait partie des municipalités bordées par l'Agly, où l'évacuation de milliers de riverains avait été ordonnée dans une bande de 200 mètres de part et d'autre du cours d'eau.
"La situation est sous contrôle", avait assuré en début d'après-midi Matignon, évoquant un événement "exceptionnel" et jamais vu "depuis 1999", quand une crue avait fait 35 morts et un disparu dans la région.
- 'L'eau est montée de 3,5 m en un quart d'heure' -
"J'ai 42 ans et je n'ai jamais vu ça", témoignait Kristel Grégori, dont la maison se situe à Argelès (Pyrénées-Orientales), à une dizaine de mètres de la Massane, un petit cours d'eau très souvent à sec mais qui s'est transformé en un fleuve d'une vingtaine de mètres de large. Des dizaines de voitures étaient noyées, parfois enroulées autour de pylônes par la force des eaux.
"A 03H00 dimanche matin, des gens du quartier sont venus nous réveiller. Il y avait déjà un mètre d'eau dans les garages", raconte Mme Grégori. Son atelier de cuisine, l'atelier de son mari, patron d'une entreprise de terrassement, ainsi que "toutes les machines et nos voitures", ont été noyés, a-t-elle précisé.
Dans l'Aude voisine, le maire de Portel-des-Corbières (Aude) racontait comment, "en un quart d'heure, l'eau est montée de trois mètres et demi" dans la Berre. La rivière a atteint une cote de 8,5 mètres, au-delà des 7,4 m connus lors de la crue de novembre 1999.
Les eaux boueuses ont ainsi submergé les quartiers bas, faisant craindre le pire. Mais la Berre a largement reflué dimanche après-midi et l'alerte rouge "crues" a été levée pour cette rivière en fin de journée.
Dans la commune voisine de Sigean, l'eau est passée dans la matinée au-dessus de la digue haute de six mètres de l'Espinat, dont la construction encore inachevée était destinée à éviter une nouvelle inondation du village, déjà durement touché lors de la "grande crue" de 1999.
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