Faire la fête au sommet d'un gratte-ciel londonien constitue déjà en soi une sortie pour le moins originale. Certains y ont ajouté une dose de "Silent disco", ou comment danser en silence, sans sono tonitruante, casque audio sur les oreilles.
Situé en plein c?ur de la capitale britannique, The Shard (l'éclat) culmine à près de 310 mètres. Cette majestueuse tour de verre et de métal dessinée par l'Italien Renzo Piano, concepteur du Centre Pompidou à Paris, est le plus haut gratte-ciel de l'Union européenne.
Ce samedi soir, au tout dernier étage, ils sont plus de trois cents à se trémousser devant d'immenses baies vitrées offrant une vue à couper le souffle de Londres, dont les milliers de rues et bâtiments semblent s'étendre à l'infini à leurs pieds.
Si on entend bien des rires, des tintements de verres, des conversations, des pas qui glissent sur le sol, point d'enceintes hurlant des décibels: contrairement aux boîtes de nuit classiques, la musique n'est diffusée que dans les casques audio sans fil fournis à chaque participant.
Un bouton permet de choisir entre les trois DJ de la soirée, et, en fonction du canal sélectionné, le casque s'illumine d'une couleur, rouge, bleu ou vert, permettant aux convives de savoir qui écoute quoi.
"Si vous n'aimez pas la chanson jouée par le DJ rouge, vous changez de couleur", explique à l'AFP Alex Rochford, le "DJ Green" de la soirée. "Finalement, c'est comme si vous aviez trois concerts différents en même temps".
- 'Rompre avec le culte des DJ' -
Sur la piste de danse, les groupes se forment en fonction des couleurs. Près des platines, quatre jeunes femmes, minijupes et maquillage sophistiqué, remuent sur "No scrubs", le tube du groupe de r'n'b TLC, diffusé sur le canal vert.
Juste à côté, sur le canal bleu, un trentenaire en chemise à fleurs se déhanche sur les accents funky de "That's the way (I like it)" de KC and the Sunshine Band.
"C'est amusant de danser sur des chansons différentes. On peut aussi savoir ce que les gens écoutent à la couleur de leur casque et décider de faire comme eux", dit Geraldine Copley Smith, gérante d'un club de remise en forme.
"J'aime bien sortir en boîte, mais ça, ça n'a rien à voir, c'est différent", estime cette quinqua sexy aux longs cheveux noirs.
Le concept de "Silent Disco" a pris son envol en 2002, sous l'impulsion de Nico Okkerse, artiste-producteur-DJ néerlandais.
"Ca a commencé avec un petit spectacle" présenté dans des festivals, raconte-t-il à l'AFP.
"L'idée, c'était de lutter contre les effets nocifs des volumes sonores trop élevés, et de rompre avec le culte des DJ en donnant au public un rôle plus important", ajoute-t-il, persuadé que le concept est promis à un grand avenir.
"Le wifi et les prochaines générations de smartphones permettront d'offrir des expériences inédites, sans avoir nécessairement besoin de beaucoup de matériel", dit Nico, également animateur du site SilentDisco.com.
- Dans la rue, dans les parcs -
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