Après son élection à la présidence de l'UMP, le plus dur reste à faire pour Nicolas Sarkozy: refonder l'UMP, exsangue financièrement, "rassembler" et préparer une "primaire ouverte" pour 2017 qui risque de virer à la guerre des chefs.
Après sa victoire, avec près des deux tiers des voix (64,5%), un score un peu moins élevé qu'attendu, le patron du principal parti d'opposition, en nombre d?adhérents et d'élus, s'exprimera dimanche soir au JT de TF1.
Dès lundi, il rencontrera les "principaux dirigeants" du parti avec comme objectif affiché de réunir les "conditions du rassemblement le plus large".
Bruno Le Maire notamment, l'un des deux autres candidats à la présidence du parti, devenu incontournable après son score plus qu'honorable (29,18%) sera lui reçu par M. Sarkozy lundi à 09h00.
Comment transformer l'UMP, endettée et à l'image froissée par la guerre Fillon-Copé de 2012? C'est à cette tâche que va désormais s'atteler l'ancien chef de l'Etat, face aux socialistes en difficulté mais en place au moins jusqu'à 2017, un centre pour une part rétif à sa personnalité, et surtout un Front national en pleine expansion, qui vient de réélire sa présidente Marine Le Pen.
Première mission pour M. Sarkozy: "montrer les signes de rassemblement () L'UMP a un chef, il est incontestable, et en même temps, il y a beaucoup de voix à l'UMP qui doivent absolument s'exprimer", a résumé dimanche Eric Woerth sur iTélé.
Nicolas Sarkozy, qui n'a pas proposé d'idées nouvelles depuis son come-back en septembre, va devoir redéfinir l'idéologie du parti, entre ses ailes libérale et conservatrice d'une part, gaullo-centriste d'autre part. Mais où placer le curseur? S'il se déplace trop vers le centre, quid de la frange la plus droitière des militants, radicalisés depuis 2012?
"J'ai le sentiment que la droite va prendre un nouveau visage qui va le rapprocher de l?extrême droite", a asséné le secrétaire d'Etat PS, Thierry Mandon, dimanche sur Radio J .
Pour M. Mandon, "les militants UMP ont hésité - et on les comprend - à choisir quelqu'un () qui devra passer plus de temps avec ses juges qu'avec eux".
M. Sarkozy va en effet devoir s'atteler à rétablir les finances du parti, qui accuse un déficit de plus de 74 millions d'euros (dont 43 toutefois correspondent à l'achat du siège), après l'affaire Bygmalion, système supposé de fausses factures au détriment de l'UMP pour financer sa propre campagne présidentielle.
Bygmalion est l'une des affaires dans lesquelles le nom de Nicolas Sarkozy est cité. Mis en examen pour corruption, ces affaires, si elles n'ont pas empêché son retour en politique, pourraient contrarier ses ambitions.
- 'Un centre avec nous, matin, midi et soir' -
M. Sarkozy devra en outre organiser la "primaire ouverte" de 2016 qu'il a promise à ses futurs concurrents, Alain Juppé en tête. Lui-même candidat à cette primaire, il devra abandonner la présidence de l'UMP "au plus tard quinze jours avant la date fixée pour le dépôt des déclarations de candidature", stipule l'article 35 des statuts du parti.
Encore faudra-t-il que lui et les autres (outre Juppé, François Fillon, Xavier Bertrand, peut être Bruno Le Maire), s'entendent sur la définition du "centre".
Nicolas Sarkozy a déjà donné sa réponse: "un centre qui serait avec nous matin, midi et soir". "C'est un peu facile de se faire élire maire de sa ville en rassemblant sur son nom une partie de l'électorat de droite exaspéré et le soir de faire élire François Hollande. Voilà une alliance dont nous ne voulons pas!", a-t-il martelé pendant ses meetings.
Exit donc François Bayrou, le président du MoDem, qui avait choisi de donner sa voix à François Hollande en 2012. L'UDI, autre parti centriste, dira en 2016, si elle participe à la primaire UMP, selon son président, Jean-Christophe Lagarde.
Mais Juppé, seul ténor de l'UMP à avoir soutenu le maire de Pau lors des municipales au printemps dernier, et que Sarkozy a laissé se faire siffler parce qu'il avait appelé à une alliance avec le centre, n'a pas l'intention de lâcher prise.
Plus la primaire sera ouverte, meilleur ce sera pour le maire de Bordeaux, qui ne cesse de grimper dans les sondages auprès des Français.
Toutefois, les sympathisants de droite continuent de penser que l'ex-chef de l'Etat est mieux à même de gagner en 2017 que lui, selon un sondage Ifop publié dimanche.
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