Les militants frontistes, réunis en congrès samedi à Lyon, ont tranché net le match interne entre Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot: au jeu du vote au comité central, le parlement interne du parti, la députée du Vaucluse est arrivée première et son rival quatrième.
En marge du congrès, des incidents ont interrompu le défilé dans l'après-midi dans le centre-ville de 2.500 à 5.000 personnes hostiles à la tenue de la réunion du FN, à l'appel d'organisations antiracistes.
Au comité central, Marion Maréchal-Le Pen a donc devancé Louis Aliot, vice-président du parti et compagnon de Marine Le Pen, le maire d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Steeve Briois, et le bras droit de Marine Le Pen, M. Philippot.
Selon plusieurs sources, Mme Maréchal-Le Pen a recueilli 80% des votes internes, M. Aliot 76%, M. Briois 70% et M. Philippot 69%.
L'eurodéputé Bruno Gollnisch, concurrent malheureux de Mme Le Pen à la succession de Jean-Marie Le Pen en janvier 2011, au précédent congrès à Tours, obtient 65% et la cinquième place, le tout avec une participation de 50%.
Seule candidate, Marine Le Pen sera sans surprise réélue présidente dimanche.
A 24 ans à peine, à l'Assemblée nationale depuis deux ans, Mme Maréchal-Le Pen obtient un très beau succès. Plus libérale économiquement, plus conservatrice sur la plupart des sujets de société que l'actuelle ligne du parti -des "nuances" dit-elle-, la députée ne fera pas son entrée au bureau exécutif du FN, la plus haute instance du parti, a dit Mme Le Pen.
Pour M. Philippot, il est difficile d'interpréter sa 4e place autrement que comme une contre-performance au vu de son omniprésence médiatique et du poids qu'il a pris dans les instances du parti depuis son arrivée, il y a trois ans.
Cet ex-chevènementiste, gaulliste revendiqué au discours dominé par l'économie, a parcouru les fédérations, mais il n'est pas la copie conforme de militants dont les premières préoccupations restent les "fondamentaux" frontistes: l'immigration, l'insécurité et les impôts.
Mme Le Pen a tout de même salué un "excellent résultat", tandis que le principal intéressé s'est dit "grandement satisfait",imputant sa 4e place à son adhésion récente et au "coup de pouce" qu'offre le patronyme "Le Pen" à sa rivale.
- 'Aucune importance' -
Un partisan de Mme Maréchal-Le Pen assurait qu'il faudrait aussi l'interpréter comme la victoire d'une sensibilité, plus dure, sur l'autre, incarnant le nouveau FN, et un message adressé à la présidente du FN en vue de la présidentielle 2017.
C'est aussi une revanche pour MM. Aliot et Briois, deux proches de Mme Le Pen classés premier et quatrième en 2011, qui semblaient éclipsés par M. Philippot mais qui le devancent in fine, grâce à une popularité intacte auprès des adhérents.
La fille de M. Le Pen avait dit que ce résultat n'aurait "aucune importance". "Florian et Marion pensent exactement la même chose, ils l'expriment avec leurs mots en fonction de leur parcours", dit-elle.
Pour un cadre du parti, "Marion a la capacité à faire la synthèse: lepénistes, marinistes, gollnischiens".
Un autre ne peut s'empêcher d'y voir un accident pour le chantre de l'"État stratège": "Des segments non négligeables d'adhérents n'ont délibérément pas voté pour" M. Philippot.
Le "top 10" offre certes une place aux arrivants récents, tels Mme Maréchal-Le Pen ou MM. Philippot et Bay. Mais il reflète aussi le poids de l'histoire du parti: plusieurs "historiques" (M. Gollnisch, Wallerand de St-Just, Stéphane Ravier ou Marie-Christine Arnautu) sont bien placés.
Ces anciens ont été indirectement salués par M. Le Pen, qui a demandé aux frontistes nouveaux de ne pas "oublier" les sacrifices consentis pour que le Front, créé il y a 42 ans, atteigne son niveau électoral actuel.
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