Le pape François poursuit samedi son voyage en Turquie par Istanbul et des étapes symboliques, de la basilique Sainte-Sophie à la Mosquée bleue, signe de sa volonté de défendre le dialogue entre les religions et les chrétiens de la région menacés par la guerre.
Huit ans après la visite de son prédécesseur, le souverain pontife doit répéter le chemin suivi par Benoît XVI dans l'ancienne Constantinople, capitale de l'empire chrétien byzantin jusqu'à sa chute entre les mains de l'Empire ottoman musulman en 1453.
Après une journée politique à Ankara, le pape argentin entame son séjour stambouliote par une visite de la basilique Sainte-Sophie, une église byzantine convertie en mosquée par les sultans ottomans avant que la Turquie moderne et laïque n'en fasse un musée visité par des millions de personnes chaque année.
Quinze siècles après sa construction, l'avenir de Sainte-Sophie alimente encore la tension entre chrétiens et musulmans, ces derniers réclamant régulièrement d'en refaire une mosquée.
Quelques centaines de mètres plus loin, Jorge Bergoglio se rendra dans la mosquée de Sultanahmet, plus connue sous le nom de Mosquée bleue, pour un passage observé à la loupe.
En 2006, le pape Joseph Ratzinger y accompli un geste de réconciliation inédit, une "méditation" tourné vers la Mecque, trois mois après avoir tenu des propos très controversés semblant associer islam et violence.
Porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi a annoncé que François devrait répéter ce geste en exprimant "son respect" pour l'islam par "une attitude de recueillement" à distinguer d'une prière formelle.
Le pape doit ensuite célébrer une messe dans l'après-midi à la cathédrale du Saint-Esprit pour la minuscule communauté chrétienne de Turquie, à peine 80.000 membres noyés au milieu de plus de 75 millions de musulmans.
Selon le Vatican, il pourrait en profiter pour rencontrer quelques uns des milliers de chrétiens d'Irak ou de Syrie réfugiés dans la plus grande ville de Turquie pour échapper à la guerre et à la menace jihadiste.
- Endiguer le fondamentalisme -
François a souligné dès son arrivée les "efforts généreux" accomplis par les autorités turques, qui accueillent près de 2 millions de réfugiés de ces deux pays.
Lors de sa première journée en Turquie, le souverain pontife a déploré les "graves persécutions" ou "exactions inhumaines" subies par les chrétiens dans ces deux pays et dénoncé le terrorisme et le fondamentalisme.
Devant son hôte, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, il a incité la Turquie à montrer l'exemple du "dialogue interreligieux" pour endiguer la menace fondamentaliste à ses frontières.
Il l'a également rappelé au devoir de protéger la liberté religieuse en accordant "les mêmes droits" à tous les citoyens, quelle que soit leur confession.
Depuis qu'il dirige sans partage le pays, M. Erdogan, un pieu musulman, se présente volontiers en protecteur des religions mais est régulièrement accusé de vouloir "islamiser" la République laïque turque fondée en 1923.
Il a, par ailleurs, mis en cause la montée de l'islamophobie dans le monde occidental. "Les préjugés se développent entre les mondes musulman et chrétien", a-t-il déploré, dénonçant le "double discours" des dirigeants de l'Ouest contre le "terrorisme d'Etat", selon lui, à l'?uvre en Israël et en Syrie.
La deuxième journée turque du pape François doit s'achever par une rencontre avec le plus prestigieux des chefs de l'église orthodoxe, le patriarche Bartholomée, destinée à réduire la fracture entre leurs deux Eglises née du schisme de 1054.
"Nous attendons avec impatience la visite de notre frère, le pape François", s'est réjoui Bartholomée à la veille de la visite, "elle constituera un nouveau pas significatif de nos relations positives entre Eglises s?urs".
Quelque 7.000 policiers doivent assurer la sécurité du pape à Istanbul. Contrairement à son habitude, il ne devrait pas s'y livrer à un bain de foule, sa visite laissant largement indifférente la population turque.
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