Laurent Fabius a soutenu un calendrier de deux ans pour aboutir à un règlement du conflit israélo-palestinien lors du débat à l'Assemblée vendredi sur la résolution sur la reconnaissance de l'Etat palestinien, qui n'a pas échappé au clivage gauche-droite.
Les députés voteront mardi sur cette résolution PS non contraignante mais très symbolique "invitant le gouvernement français à reconnaître l'Etat de Palestine en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit".
"Aux Nations Unies, nous travaillons avec nos partenaires pour essayer de faire adopter une résolution du Conseil de sécurité en vue d'une relance et d'une conclusion des négociations pour laquelle le terme de deux années est le plus souvent évoqué. Et le gouvernement français peut reprendre ce chiffre", a déclaré M. Fabius au moment où les Palestiniens entendent soumettre au Conseil de sécurité un projet de résolution fixant la fin de l'occupation israélienne à 2016.
"Parallèlement, la France veut créer les conditions d'un effort collectif international en faveur de la paix", a ajouté M. Fabius, en relançant l'idée d'une conférence sur le Proche-Orient que la France est prête à accueillir.
"Et si ces efforts échouent, si cette tentative ultime de solution négociée n'aboutit pas, alors il faudra que la France prenne ses responsabilités en reconnaissant sans délai l'Etat de Palestine", a-t-il conclu.
M. Fabius répondait à l'issue des débats devant un hémicycle clairsemé d'une cinquantaine de députés. Si l'adoption de la résolution mardi, dénoncée par Israël, ne fait aucun doute, les débats ont montré la division de l'Assemblée, reflétant l'extrême sensibilité du sujet en France où vit la première communauté juive d'Europe (entre 500 et 600.000 personnes) et qui dénonce une montée de l'antisémitisme ces dernières années.
- Domaine réservé ? -
"Le vote d?une telle résolution ne risque-t-il pas de raviver les tensions communautaires et fragiliser la paix sociale?", s'est demandé l'UDI Philippe Vigier.
Le chef de file du groupe socialiste, Bruno Le Roux, a tenté de plaider à l'adresse de l'opposition "que l'objet de notre vote mardi, ce n?est pas un débat de politique intérieure". "L?enjeu, c?est de peser ensemble. Nous sommes la France, notre voix porte dans le monde", a-t-il dit.
"Ce type de résolution doit ramener l'espoir, signifier aux Palestiniens qu'une issue politique est possible et dissuader ceux qui seraient tentés par le recours à la violence", a soutenu le chef de file du groupe écologiste François de Rugy.
"Aujourd?hui, nous avons la responsabilité de réparer une injustice vieille de plus de 60 ans", a renchéri le communiste François Asensi.
Mais l'UMP est à une très grande majorité hostile à cette démarche, même si elle a réparti son temps de parole entre deux contre (Claude Goasguen et Pierre Lellouche) et un pour (Axel Poniatowski).
Premier argument de l'opposition: on est dans le domaine réservé de l'exécutif, la Constitution "ne donne ni à l?Assemblée nationale, ni au Sénat, le droit de réécrire la diplomatie de la France", a dit Pierre Lellouche. Un argument aussi avancé par le chef de file d'un groupe de la majorité, Roger-Gérard Schwartzenberg (radicaux de gauche) qui ne prendra pas part au vote car "c'est à l?exécutif de décider de la diplomatie française".
Pour M. Lellouche en outre, "une telle reconnaissance ne fera que radicaliser un peu plus la position israélienne", qui a vigoureusement dénoncé la démarche du Parlement français.
Plusieurs députés très à droite ont été extrêmement virulents. "Reconnaître l'Etat palestinien, c'est dire au Hamas continuer à tuer. Le Hamas est l'équivalent de Daech et d'Al-Qaïda", n'a pas hésité à lancer Meyer Habin, député franco-israélien de la circonscription des Français de l'étranger incluant Israël et les territoires occupés et ex-vice-président du Crif. Même son de cloche du FN Gilbert Collard. "Vous embrassez le Hamas, le terrorisme, la haine, la mort dans les villes d'Israël", a-t-il lancé.
L'initiative française s'inscrit dans un mouvement européen pour que la reconnaissance de la Palestine, jusque-là envisagée comme l'aboutissement de négociations, soit utilisée comme un moyen de pression sur Israël afin de relancer un processus au point mort depuis l'échec de la médiation américaine au printemps dernier. Ceci alors que la viabilité même d'un Etat palestinien est menacée par la colonisation et qu'un nouveau cycle de violences menace.
La Suède a décidé en octobre de reconnaître la Palestine et les députés britanniques et espagnols ont adopté des résolutions symboliques demandant à leurs gouvernements de faire de même.
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