Le pape François se rend vendredi pour trois jours en Turquie, où il défendra la place des chrétiens et le dialogue inter-religieux coûte que coûte dans un Moyen-Orient en guerre et où les chrétiens se sentent menacés.
François va visiter les mêmes lieux chargés de symboles que Benoît XVI en 2006: à Ankara le mausolée d'Ataturk, à Istanbul la Mosquée bleue et l'ancienne basilique byzantine Sainte-Sophie, transformée en musée.
A l'époque, le climat avait été empoisonné par des propos controversés du pape allemand juste avant sur les liens supposés entre violence et islam. Les relations entre islam et christianisme se sont apaisées mais le voyage de François se déroule dans une certaine indifférence des Turcs.
A son arrivée à Ankara dans l'après-midi, le pontife argentin doit commencer par la visite obligée au mausolée d'Ataturk, fondateur de la République laïque ottomane.
Il rencontrera ensuite le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, qui l'accueillera dans son palais au luxe controversé, avant de s'entretenir avec le Premier ministre Ahmet Davutoglu, et le président des Affaires religieuses, Mehmet Gormez.
L'essentiel pour le Vatican se déroulera ensuite à Istanbul, où la visite sera consacrée aux relations avec le patriarche de Constantinople, Bartholomée et la minuscule communauté catholique.
Trois jours seulement après le déplacement à Strasbourg, le programme de François, 77 ans, paraît bien léger.
Selon l'agence spécialisée sur le Vatican I.Media, le pape pourrait réserver "des surprises" et rencontrer des réfugiés irakiens et syriens. Ce geste est attendu depuis que Jorge Bergoglio a exprimé cet été son désir de soutenir au Kurdistan irakien les chrétiens, orthodoxes et catholiques confondus, qui fuient la poussée de l'organisation Etat islamique (EI).
François pourrait rencontrer des réfugiés à Istanbul, peut-être dans une association chrétienne qui les aide, Kader.
Selon des analystes à Rome, le Vatican veut éviter qu'une visite aux réfugiés soit exploitée par un camp politique, alors qu'Ankara a une partie complexe à jouer dans le conflit syrien: la Turquie collabore avec la coalition internationale qui s'oppose à l'EI, mais ne veut pas faire le jeu des Kurdes.
- Visite blindée -
Le Vatican n'a évoqué aucune menace spécifique contre François, même si le pape et Rome font régulièrement partie des cibles évoquées dans les communiqués de l'EI.
D'après la presse turque, les forces de l'ordre seront mobilisées en masse: 2.700 policiers à Ankara, quelque 7.000 à Istanbul. De nombreuses rues seront bouclées, en particulier à Sultanahmet, le quartier touristique de la Mosquée bleue.
Selon le quotidien Hürriyet, le pape souhaitait se déplacer en voiture de tourisme classique mais Ankara lui a imposé une grosse berline allemande blindée.
A la chaîne télévisée du Vatican CTV, le numéro deux du Saint-Siège, le secrétaire d'Etat Pietro Parolin a tracé les grandes lignes du voyage: le pape réaffirmera la nécessité d'une "solution régionale et globale" pour la paix au Moyen-Orient, mais pas d'une "solution unilatérale imposée par la force".
Le Vatican et le pape dénoncent aussi les "appuis" politiques et économiques "que l'EI continue de recevoir" et "insistent sur le droit au retour" des réfugiés --2 millions en Turquie-- "dans leur patrie, leur maison, leurs terres", où ils doivent pouvoir vivre sereinement, selon le cardinal Parolin.
Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Tanju Bilgiç, a déclaré jeudi que "le dialogue entre les civilisations et les développements politiques dans la région" seraient au menu des entretiens.
Le cardinal Parolin a mis l'accent sur la "sollicitude" que le pape doit apporter à une "petite Eglise qui, dans les années passées, a véçu des épisodes très douloureux de violence".
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