Le géant du pneumatique Goodyear a annoncé jeudi l'échec d'ultimes discussions avec l'équipementier américain Titan, sonnant le glas des derniers espoirs de sauver quelques centaines des 1.143 emplois perdus lors de la fermeture de son usine d'Amiens-Nord en janvier.
"Je peux affirmer aujourd'hui que toute discussion avec un repreneur potentiel, y compris Titan, est terminée", a déclaré Jean-Philippe Cavaillé, dans un entretien exclusif à Amiens avec Le Courrier Picard.
La décision, selon lui "définitive" et "irrévocable", concerne en premier lieu Titan, l'équipementier américain, "un partenaire très fort de Goodyear", qui s'est longtemps dit intéressé par la reprise de l'activité pneus agraires du site.
Un premier projet de reprise s'était soldé par un échec il y a deux ans, après son rejet par la CGT, a tenu à rappeler jeudi M. Cavaillé.
"Ces derniers mois, on s'est à nouveau approché du groupe Titan pour essayer, une nouvelle et ultime fois, de trouver une solution pour le site d'Amiens-Nord, dans un contexte économique difficile", a expliqué le DRH, indiquant que l'échec final des discussions engagées était très récent.
"Nous avions trois objectifs: s'assurer que l'usine puisse être rouverte, que les emplois soient garantis, que l'activité pérenne puisse se développer. Nous n'avons pas réussi à trouver un terrain d'entente avec Titan. C'est définitivement terminé, il n'y aura pas de reprise du site", a-t-il encore déclaré.
Près de 330 salariés étaient susceptibles d'être embauchés par Titan et son PDG, Maurice Taylor.
En octobre 2013, avant la fermeture de l'usine au terme d'un long et âpre combat de six années entre la CGT et Goodyear, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait affirmé qu'il avait reçu une offre de reprise partielle du site amiénois par M. Taylor. Et ce, malgré la passe d'armes qui les avaient opposés quelques mois plus tôt après des mots très durs de l'Américain sur le peu d'ardeur au travail des ouvriers français.
En janvier, l'usine fermée, le ministre avait estimé que l'accord entre la CGT et Goodyear "ouvre maintenant la voie à la possibilité de l'arrivée de Titan et de M. Maurice Taylor qui avait demandé que le conflit () soit définitivement soldé".
Des rumeurs de reprise par Titan avaient recommencé à circuler ces dernière semaines, et la CGT avait assuré qu'elle ne ferait rien pour la bloquer, allant jusqu'à dire que ses délégués ne souhaitaient plus travailler sur le site.
Interrogé cette semaine par l'AFP, Maurice Taylor avait assuré "que rien ne se passait entre Titan et Goodyear" et que les promesses de la CGT n'y changeaient rien.
Il avait de nouveau dénoncé le droit du travail français qui avait permis, selon lui, à la CGT de poursuivre en justice Goodyear pour obtenir davantage d'indemnités après la signature d'un accord mettant un terme au conflit.
"On ne peut jamais dire jamais", mais il ne peut y avoir de reprise, "à moins que quelqu'un change ces lois", avait-il conclu.
M. Taylor a indiqué par ailleurs qu'il "n'avait jamais été en contact avec Emmanuel Macron", le successeur de M. Montebourg dans le gouvernement.
Aujourd'hui, 1.008 ex-salariés sont concernés par le congé de reclassement qui se termine en février 2015 alors qu'il y a quelques semaines, l'inspection du travail a invalidé le licenciement des 42 élus du personnel.
La CGT a lancé plusieurs procédures juridiques: une action prud'homale pour invalider le motif de licenciement économique -audience le 22 janvier à Amiens- et une action de groupe aux Etats-Unis concernant les maladies professionnelles.
Goodyear ne souhaite pas communiquer au sujet de ces procédures.
Désormais, après la fin des discussions en vue de trouver une repreneur, "nous devons concentrer toute notre énergie pour trouver une solution pour chaque salarié", a simplement dit le DRH.
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