Le gouvernement reste en "échec" face au chômage: fin octobre, 3,46 millions de demandeurs d'emploi sans activité pointaient à Pôle emploi en métropole, nouveau record après trois ans et demi de hausse quasi continue.
Le mois dernier, 28.400 chômeurs supplémentaires (+0,8%) se sont inscrits sur les listes de l'opérateur public, a annoncé jeudi le ministère du Travail. Sur un an, la hausse atteint 5,5%.
"Il s'agit de la plus forte hausse mensuelle depuis février dernier", fait remarquer Bruno Ducoudré, économiste à l'OFCE. Selon lui, "la faible croissance continue à peser", d'autant que "les entreprises gardent un sureffectif de 230.000 emplois".
Outre-mer compris, 3,72 millions de chômeurs ont été comptabilisés le mois dernier, également un record. En incluant ceux ayant exercé une petite activité, la hausse est moindre (+0,5%), pour un total de 5,15 millions en métropole et de 5,46 millions avec l'outre-mer.
"Dans cette période de croissance faible, le maintien d'un effort élevé pour les emplois aidés est indispensable", a réagi dans un communiqué François Rebsamen, ministre du Travail. Il rappelle que "445.000 emplois aidés" sont prévus dans le projet de budget pour 2015.
En octobre, aucune classe d'âge n'est épargnée: +0,6% chez les jeunes, +0,8% chez les seniors.
Pourtant, M. Rebsamen note une hausse "plus limitée pour les plus jeunes et les plus âgés" que chez les 25-49 ans (+0,9%), qui montre selon lui "l'impact positif des politiques de l'emploi", dont les emplois d'avenir.
En outre, le chômage de longue durée continue de faire tâche d'huile: petite activité incluse, 2,2 millions de demandeurs d'emploi sont inscrits depuis plus d'un an (+0,9% sur un mois, +9,4% sur un an).
- 'Un retournement mi-2015'? -
Ces mauvais chiffres ne sont pas une surprise. Mardi, l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a exclu toute baisse du chômage avant 2016 à cause d'une "activité molle".
L'OCDE prévoit une croissance de 0,4% en 2014 et de 0,8% en 2015. Plus optimiste, le gouvernement table sur 1% l'an prochain. Or, pour la plupart des économistes, une croissance de 1,5% est nécessaire pour faire baisser le chômage.
Bruno Ducoudré note toutefois un motif d'espoir: "Ces derniers mois, un certain nombre d'indicateurs conjoncturels se sont améliorés - la production industrielle, le climat des affaires, la confiance des ménages - laissant présager une reprise de la croissance à très court terme".
M. Rebsamen espère, lui, "un retournement mi-2015" sur le front de l'emploi.
Pour y parvenir, le gouvernement mise en premier lieu sur le pacte de responsabilité. Le dispositif prévoit une aide de 40 milliards d'euros aux entreprises sous forme de baisses d'impôts et de charges. En contrepartie, les entreprises sont censées investir et embaucher.
Le Pacte sera complété en 2015 par une loi pour l'activité, que le ministre de l'Economie Emmanuel Macron doit présenter le 10 décembre en conseil des ministres.
Censée "déverrouiller l'économie française", elle contient notamment un assouplissement du travail dominical et une réforme des professions réglementées.
En outre, plus tôt dans l'après-midi, M. Macron a reçu un rapport franco-allemand rédigé par les économistes Jean Pisani-Ferry et Henrik Enderlein, recommandant à la France d'adopter un modèle de "flexisécurité" pour son marché du travail.
Entre autres propositions: donner plus de liberté aux entreprises sur le temps de travail, négocier les salaires tous les trois ans, et non tous les ans, et changer le mode de calcul du Smic.
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