François Hollande a appelé à un accord "historique sur le climat" jeudi devant la 3e Conférence environnementale réunie à l'Elysée, et a tiré les leçons du "drame" de Sivens en prônant des mesures pour améliorer la participation citoyenne autour des grands projets d'infrastructures.
Le chef de l'Etat a préconisé le recours à des référendums locaux lorsque des projets d'aménagement du territoire conduisent à des situations de blocage.
Au plus bas dans les sondages et à mi-mandat, il a aussi annoncé que le gouvernement ferait d'ici à six mois des "propositions" en matière de "démocratie participative" sur l'impact écologique de ce type de projets.
Cette allocution, devant un parterre d'élus, ministres, représentants d'ONG, de syndicats et du patronat, réunis pour plancher pendant deux jours sur la santé, les transports et le climat, était très attendue en particulier des écologistes, après un automne de tension marqué par l'affaire du barrage contesté de Sivens et le recul sur l'écotaxe.
"Le décès d'un jeune homme dans le cadre d'un manifestation est un drame pour sa famille, un drame pour la nation", a dit M. Hollande, estimant que cette affaire "exige d'accomplir des progrès supplémentaires dans la participation des citoyens", annonçant aussi la création d'une base de données publiques.
M. Hollande avait démarré son intervention en affirmant le souhait de la France d'être "exemplaire" en matière d'environnement, un an avant la tenue à Paris d'un sommet visant un accord mondial contre le réchauffement climatique.
Il l'a close en relevant qu'on lui demande désormais souvent "à partir de quand (il est) devenu écologiste". "A partir du moment où je suis arrivé aux responsabilités du pays. A un moment il faut laisser sa trace, et la trace que nous allons laisser tous ensemble est un accord historique sur le climat", a-t-il déclaré.
Il a d'ailleurs annoncé la suppression de "tous les crédits" à l'exportation "accordés aux pays en développement dès lors qu'il y a utilisation du charbon", une revendication des ONG, et une annonce applaudie dans la salle. "Au niveau européen, nous ferons en sorte que les subventions aux énergies fossiles soient supprimées à terme", a-t-il également déclaré.
- Appels à la mobilisation -
Cette 3e Conférence environnementale, censée fixer la feuille de route verte du gouvernement pour 2015, s'était ouverte un peu plus tôt avec des appels à la mobilisation.
"Aujourd'hui s'ouvre une séquence de douze mois, dont le maître mot est la mobilisation de toutes les forces vives du pays", avait déclaré la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, en présence d'une grande partie du gouvernement, dont Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères et Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, qui ont à leur tour parlé d'exemplarité.
L'astrophysicien Hubert Reeves a appelé à "empêcher que notre planète devienne inhabitable".
"L'accord sur le climat c'est d'abord un accord de santé publique", a insisté Maria Neira, directrice Santé publique et environnement à l'OMS, ajoutant que la population mondiale n'a jamais été "exposée à de tels niveaux de pollution atmosphérique".
Le président de France Nature Environnement (FNE), le réseau d'association auquel appartenait le jeune botaniste mort à Sivens, avait, à la tribune, appelé la France à être "encore plus exemplaire" justement en matière de transparence autour des grands projets, mais aussi dans la rénovation énergétique ou les transports.
Depuis l'annonce du retrait de l?écotaxe poids lourds début octobre, FNE ainsi que le Réseau Action Climat avaient quitté les réunions de travail "transports" préparatoires à la conférence environnementale, une table ronde qu'ils comptaient boycotter à la conférence jeudi et vendredi.
Cette semaine, le gouvernement a rouvert une porte sur l'écotaxe, François Hollande proposant une "expérimentation" du dispositif en Alsace-Lorraine.
Après son discours, les participants doivent se retrouver pour plancher dans le huis clos de leurs trois tables rondes sur des documents de travail amendés jusqu'au dernier moment. Ils formulent 159 propositions d'importance variable, attendant l'arbitrage final du gouvernement.
Sur la santé, "le 21e siècle doit est le siècle de l'hygiène chimique", a dit jeudi M. Hollande, indiquant qu'"une grande attention sera portée à la situation sanitaire des polinisateurs, des pesticides, et des perturbateurs endocriniens".
Parmi les propositions sur la table, une "campagne d'information grand public sur les impacts connus" des pesticides. Sur les nanomatériaux, "l'évaluation de leurs dangers" "sera poursuivie". Autant de propositions sur la santé qui manquent d'ambition pour les ONG.
Sur les transports, les propositions parlent d'encourager le covoiturage, de stimuler l'innovation, ou de concevoir "un système d?identification des véhicules en fonction de leurs émissions polluantes" (pour permettre par exemple de créer des zones d'accès restreint en centre-ville, comme il en existe déjà dans 200 agglomérations en Europe).
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