Les premiers résultats aux Etats-Unis des tests sur l'un des deux vaccins expérimentaux contre le virus Ebola semblent prometteurs mais il faudra encore de longs mois, avant de disposer d'un moyen de prévention efficace de l'épidémie qui sévit en Afrique de l'ouest, selon les experts.
"C'est encourageant () mais on n'a pas encore une preuve formelle que le vaccin sera efficace, c'est-à-dire s'il permettra, en zone d'épidémie, de réduire le nombre d'infections par le virus Ebola chez les vaccinés", dit à l'AFP le Dr Rodolphe Thiébaut, épidémiologiste et chercheur à l'Inserm (France, Bordeaux) dans le domaine des vaccins.
Testé aux Etats-Unis sur 20 volontaires sains, le vaccin ChAd3, co-développé par l'Institut des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) et le laboratoire britannique GlaxoSmithKline (GSK), a été bien toléré et a déclenché une bonne réponse immunitaire, selon des résultats publiés mercredi par le NIAID.
"Basé sur les résultats positifs du premier essai clinique de ce vaccin (phase 1), nous poursuivons nos efforts accélérés en vue de mener des essais avec un plus grand nombre de personnes pour établir son efficacité pour empêcher l'infection par le virus Ebola" avait indiqué pour sa part mercredi le Dr Anthony Faucy, directeur du NIAID, précisant que les essais cliniques se poursuivraient en Afrique de l'Ouest en 2015.
"Nous ne savons pas si l'immunité observée chez les personnes vaccinées est protectrice, ni si les autres vaccins en développement ne seront pas plus efficaces" estimé de son coté le Pr Jonathan Ball, professeur de virologie moléculaire à l'Université de Nottingham.
Le vaccin ChAd3 contient des éléments génétiques provenant de deux souches du virus Ebola (Soudan et Zaïre), acheminés par un adénovirus responsable du rhume chez les chimpanzés, un agent inoffensif pour l'homme.
Mais d'autres candidats-vaccins sont également sur les rangs. C'est notamment le cas d'un vaccin développé par l'agence de santé publique du Canada (rVSV), dont la licence de commercialisation est détenue par la société américaine NewLink Genetics.
Ce vaccin fait également l'objet d'un essai clinique de phase 1 (sur des volontaires sains) par le NIAID aux Etats-Unis, avec de premiers résultats attendus d'ici à la fin de l'année.
Ces deux vaccins doivent aussi être testés en Suisse.
La firme Johnson & Johnson a annoncé de son coté le mois dernier qu'elle dégageait jusqu'à 200 millions de dollars pour accélérer la production d'un vaccin en cours de développement par sa filiale Janssen.
Janssen prévoit de produire plus d'un million de doses en 2015, dont 250.000 attendues d'ici à mai pour des essais cliniques, a indiqué sa maison mère.
La Russie a pour sa part annoncé le 11 octobre qu'elle pourrait fournir trois vaccins d'ici à six mois, en indiquant que l'un d'eux était "déjà prêt pour un essai clinique".
Pour le Dr Michael Kurilla, du NIAID, l'avenir des vaccins reste encore incertain, compte tenu des délais nécessaires pour faire la suite des essais cliniques nécessaires, dits de phase 2 et 3, et pour analyser les résultats.
"Nous ne saurons probablement pas avant le milieu 2015 si ces vaccins vont être mis en place" estime-t-il, tout en reconnaissant qu'avec un vaccin performant "nous éliminerons la menace, pas forcément le virus, mais la maladie causée par le virus".
En attendant ces vaccins, des traitements expérimentaux ont administrés à des malades d'Ebola à titre compassionnel.
C'est notamment le cas du Zmapp, un cocktail de trois anticorps "monoclonaux" développé par Mapp Bio (Biopharmaceutical) en collaboration avec un laboratoire canadien de Toronto et le soutien des gouvernements américain et canadien.
Mais le médicament n'est plus disponible en quantités suffisantes "pour mener de larges tests cliniques" en Afrique, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
L'OMS a en revanche retenu l'Avigan, un antiviral (favipiravir) japonais anti-grippe qui va faire l'objet de tests à partir de décembre en Guinée, selon Médecins sans Frontières (MSF) qui en a la charge.
MSF espère aussi tester un autre antiviral, le brincidofovir, à Monrovia, une fois obtenu le feu vert des autorités du Liberia.
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