L'Opep prend jeudi à Vienne sa décision la plus importante et la plus incertaine depuis des années, le cartel faisant face à un choix difficile entre réduire son plafond de production pour tenter d'enrayer la chute du pétrole, ou se contenter de le maintenir, en s'engageant éventuellement à mieux le respecter.
Les ministres des douze pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole doivent se retrouver dans la matinée à son siège, situé dans la capitale autrichienne, pour élaborer un compromis.
Après des années de stagnation entre 100 et 120 dollars, le prix du baril de Brent a chuté de plus de 30% depuis juin, sa plus forte dégringolade depuis la fin 2008.
Le Brent (référence du marché pétrolier) et le WTI américain ont ainsi plongé ce mois-ci à leurs plus bas niveaux depuis quatre ans, autour de 75 dollars le baril.
Certains membres du cartel pétrolier, Venezuela en tête, mis à mal financièrement par cette dégringolade, prônent une baisse du plafond de production collectif de l'Opep, fixé depuis trois longues années à 30 millions de barils par jour.
- Discussions avec la Russie -
Une mesure qui aiderait à réduire le surplus d'approvisionnement sur le marché pétrolier, actuellement en surcapacité du fait du bond de la production pétrolière américaine (avec l'extraction du pétrole de schiste, notamment), couplé au ralentissement économique en cours en Europe et en Chine, qui freine la consommation d'or noir.
Le plafond de production est le principal outil de l'Opep pour réguler l'offre pétrolière mondiale. Mais l'abaisser aurait l'inconvénient pour le cartel de faire perdre des parts de marché à ses membres au profit d'autres Etats producteurs, à moins que ces derniers ne consentent à appliquer des mesures similaires.
Plusieurs membres du cartel, dont le Venezuela et l'Iran, ont ainsi appelé à travailler avec les pays pétroliers hors-Opep pour rééquilibrer le marché. Et une réunion avec des représentants de la Russie et du Mexique, deux pays non-Opep, s'est d'ailleurs déroulée mardi à Vienne, sans déboucher toutefois sur une baisse générale de production.
L'autre option, qui a la faveur du chef de file de l'Opep, le ministre saoudien du Pétrole Ali Al-Nouaïmi, serait de faire le gros dos en attentant que l'orage se calme, et donc de maintenir le plafond de production à son niveau actuel.
"Le marché finira bien par se stabiliser", a-t-il lancé mercredi à des journalistes, douchant ainsi les espoirs d'une diminution du plafond.
- 'Ajustements nécessaires' -
Mardi et mercredi, les ministres de l'Opep ont multiplié les entretiens en tête à tête pour tenter d'ébaucher un compromis, et multiplié les déclarations rassurantes, mais l'incertitude la plus grande continuait à régner à quelques heures du début de la réunion.
"J'ai confiance que l'Opep sera capable de prendre une décision de manière très unifiée", a déclaré mercredi soir M. Al-Nouaïmi, sans préciser de quel côté la balance penchait.
Son homologue algérien Youcef Yousfi a quant à lui assuré que le cartel recherchait "une solution consensuelle et stable, qui apporte les ajustements nécessaire (face aux) aux déséquilibres des marchés".
A défaut d'une réduction du plafond, une solution intermédiaire, évoquée par des analystes, pourrait consister à maintenir le plafond, mais à s'engager à l'appliquer avec plus de discipline, histoire de calmer un peu les investisseurs. Les pays de l'Opep dépassent en effet le niveau requis: ils ont pompé ensemble 30,6 millions de barils par jour en octobre, selon les estimations de l'agence internationale de l'énergie.
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