Des frappes du régime syrien ont tué près de 100 personnes à Raqa, fief du groupe Etat islamique (EI), alors qu'une délégation gouvernementale a rencontré Vladimir Poutine en Russie pour la première fois depuis le début de la guerre en Syrie.
Au moins 95 personnes ont péri dans les raids de l'aviation du régime de Bachar el-Assad mardi sur la zone industrielle de Raqa (nord), où travaillent de nombreux civils, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Cinquante-deux civils figurent parmi les victimes de ces frappes, les plus meurtrières contre cette ville, selon l'ONG qui s'appuie sur un large réseau d'informateurs et de militants dans le pays ravagé par la guerre depuis mars 2011.
"Après le premier raid, les gens ont accouru pour secourir les victimes et c'est à ce moment-là que le second s'est produit", a souligné le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Des vidéos diffusées sur internet par des militants de Raqa montrent des corps ensanglantés gisant dans la rue.
Un haut responsable sécuritaire à Damas a confirmé des raids contre des positions du groupe extrémiste sunnite qui s'est emparé de vastes régions en Syrie et en Irak voisin.
Raqa est le seul chef-lieu de province que contrôle l'EI depuis son apparition en 2013 en Syrie. Après avoir participé avec les rebelles à la prise de Raqa, l'EI avait éradiqué impitoyablement ses alliés pour en faire sa place forte.
Le régime Assad, qui a tiré avantage de la guerre entre l'EI et les autres insurgés depuis début 2014, a commencé il y a quelques mois à frapper l'EI dans le nord et l'est.
- Poutine s'implique -
Raqa et ses alentours, qui comptaient avant la guerre plus de 200.000 habitants, ont été aussi pris pour cibles ces dernières semaines par des avions de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis.
Celle-ci mène des frappes contre l'EI en Syrie pour venir en aide aux rebelles combattant le régime Assad, qualifié "d?illégitime" par Washington, et en Irak pour soutenir les troupes gouvernementales.
Le haut responsable syrien a d'ailleurs souligné que Damas ne "coordonnait pas" ses opérations avec la coalition pour qui la montée en puissance de l'EI a éclipsé le combat des rebelles contre le régime Assad.
Les raids à Raqa ont été menés avant une réunion mercredi à huis clos à Sotchi entre le président russe Vladimir Poutine et une délégation syrienne conduite par le chef de la diplomatie Walid Mouallem.
Moscou, principal allié du régime Assad, cherche à relancer un processus de paix au point mort depuis l'échec des négociations de Genève en janvier et février entre régime et opposants en exil, sous l'égide de l'ONU, des Occidentaux et de la Russie.
Après la rencontre, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a écarté l'idée "d'une conférence" internationale pour relancer les négociations entre protagonistes et estimé qu'une telle relance prendrait du temps.
Selon les agences russes, la demande de Damas d'accélérer la livraison de missiles anti-aériens russes S-300 devait aussi être évoquée lors de la visite de M. Mouallem qui s'achève jeudi.
- Combats en Irak, Mirage en Jordanie -
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