L'Assemblée nationale a adopté mercredi par 143 voix contre 7 une proposition de résolution cosignée par tous les présidents de groupes pour réaffirmer le droit fondamental à l'interruption volontaire de grossesse en France, en Europe et dans le monde.
Ce texte, non contraignant, a été adopté le jour anniversaire du démarrage des débats sur la loi de Simone Veil, le 26 novembre 1974. Des femmes politiques ou militantes ayant participé à ce combat ou l'ayant prolongé, comme l'ancienne ministre socialiste Yvette Roudy, étaient présentes dans les tribunes.
A l'inverse de la violence des échanges d'il y a 40 ans, l'apaisement a dominé pendant une heure et demie dans l'hémicycle lors des interventions, rompu seulement par un virulent discours anti-avortement du député d'extrême droite Jacques Bompard. Dans une anaphore, il a demandé une dizaine de fois "pardon", notamment "devant l'ensemble des enfants qui ne naîtront pas", déclenchant protestations croissantes et des claquements de pupitres sur les bancs de la gauche.
Outre ce député du Vaucluse, cinq députés UMP, dont certains avaient été en pointe contre le mariage homosexuel, ont voté contre: Xavier Breton, Jean-Frédéric Poisson, Nicolas Dhuicq, Olivier Marleix, Yannick Moreau. S'y est ajouté l'UDI Jean-Christophe Fromantin.
Le seul à s'abstenir a été le député du FN Gilbert Collard.
Le "courage" et la "détermination" d'une "femme d'exception", malgré les "attaques personnelles" et le "fragile soutien" de son camp, ont été salués par une large majorité des ministres et députés qui se sont exprimés, souvent avec "émotion", depuis la tribune où avait pris la parole en 1974 Simone Veil, ministre de la Santé. Les présidents et Premier ministre d'alors, Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac, ont aussi été salués.
Sans la gauche, ont rappelé socialistes, communistes et écologistes, sa loi n'aurait pas été votée.
Au-delà des autres avancées législatives des 40 dernières années, dont la suppression de la notion de "détresse" pour le recours à l'avortement votée depuis le début du quinquennat Hollande, le combat n'est pas fini pour que le droit à l'avortement soit effectif partout et tout le temps en France, ont estimé beaucoup d'orateurs.
Le gouvernement, qui "porte l'héritage des luttes politiques pour le droit des femmes à disposer de leur corps" et qui déjà pris plusieurs mesures comme le remboursement à 100% de l'IVG par la Sécurité sociale, reste mobilisé à l'heure où resurgit "un discours moralisateur et culpabilisateur" sur l'avortement, a affirmé la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine.
Après avoir souligné que la loi Veil était "d'équilibre" et que son auteure utilisait "des termes modérés", l'UMP Jean Leonetti a estimé que c'est "l'accès à ce droit qui doit être renforcé", pas le droit, et souhaité que "le nombre d'IVG diminue fortement en développant des mesures de préventions efficaces".
La résolution "rappelle que le droit universel des femmes à disposer librement de leur corps est une condition indispensable pour la construction de l?égalité réelle entre les femmes et les hommes, et d?une société de progrès".
Outre "le rôle majeur de la prévention, et de l?éducation à la sexualité, en direction des jeunes", elle "affirme la nécessité de garantir l?accès des femmes à une information de qualité, à une contraception adaptée, et à l?avortement sûr et légal".
Le texte souhaite enfin que "la France poursuive son engagement au niveau européen, comme international, en faveur d?un accès universel à la planification familiale".
De nombreux orateurs ont ainsi rappelé que le gouvernement conservateur espagnol avait prévu de supprimer le droit à l'avortement, avant de renoncer face aux protestations.
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