La légalisation de l'avortement a 40 ans. Des femmes comme Agnès Varda et Catherine Deneuve, qui ont combattu pour ce droit, ont rendu hommage mercredi à Simone Veil, et les députés ont voté une résolution symbolique réaffirmant le "droit fondamental" à l'IVG.
Le 26 novembre 1974, Simone Veil, alors ministre de la Santé, monte à la tribune de l'Assemblée nationale pour défendre une loi historique sur un sujet ultra sensible et dans un climat extrêmement tendu.
Pour saluer ce combat, le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone a reçu à la mi-journée des signataires du manifeste de 1971, donc l'actrice Catherine Arditi et la cinéaste Agnès Varda.
"Je me demande si la loi Veil passerait aujourd'hui. Je n'en suis pas certaine", s'est inquiétée Catherine Arditi. "Pour les femmes, rien n'est jamais acquis malheureusement, il nous faut nous battre vigoureusement".
Claudine Monteil, amie de Simone de Beauvoir, avait 21 ans en 1971, au moment du Manifeste. Pour elle, "le droit à l'avortement est en régression".
"Personne n'avorte de gaité de c?ur, mais il faut que cela puisse être fait sans entrave", a rappelé Agnès Varda.
Simone Veil est "la fierté des femmes", a pour sa part estimé l'actrice Catherine Deneuve dans une tribune publiée sur le site du Huffington Post. Signataire elle aussi du Manifeste, elle a salué "la force, le courage, la conviction et la persistance dans l'action" de l'ancienne ministre de la Santé et s'est dite "persuadée qu'en France, rien ne nous fera revenir sur cet acquis, les femmes ne laisseront jamais faire cela".
Selon Claude Bartolone, la loi légalisant l'IVG a mis fin à la "barbarie" des avortements clandestins. A son côté, Pascale Boistard, secrétaire d'Etat aux Droits des femmes, a confirmé que des mesures seront présentées à la mi-janvier, "pour marquer les 40 ans de la promulgation de la loi Veil". "Elles seront destinées à améliorer l'accès à l'IVG de façon effective", a précisé Mme Boistard à l'AFP.
- Rester 'vigilant' -
Pour marquer l'événement, les députés ont choisi de voter mercredi une proposition de résolution "visant à réaffirmer le droit fondamental à l?interruption volontaire de grossesse en France et en Europe".
Ce texte, sans portée juridique, possède pourtant une forte valeur symbolique, alors que ce droit fait débat dans certains pays européens. L'Espagne a notamment voulu introduire l'année dernière de fortes limitations au droit à l'avortement.
La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a d'ailleurs appelé à la "vigilance" face à la résurgence d'une "parole réactionnaire", estimant toutefois qu'il n'y avait pas de "risque" d'une remise en cause de ce droit en France.
Depuis 1974, la loi a été enrichie: remboursement (1982), création d'un délit d'entrave à l'IVG (1993), allongement du délai légal de 10 à 12 semaines de grossesse (2001).
Dernière évolution en date, la loi égalité hommes-femmes de 2014 a supprimé la notion de "situation de détresse" pour justifier d'une demande d'avortement.
Plus de 220.000 avortements sont pratiqués en France chaque année, soit près d'une grossesse sur cinq, un chiffre stable depuis 2006, selon les statistiques ministérielles.
Certains obstacles demeurent cependant, selon les responsables du Planning familial, qui déplorent notamment le maintien de la "clause de conscience" pour les médecins et le délai de réflexion obligatoire de 7 jours entre les deux premières consultations.
Autre problème, la fermeture, "pour des questions de rentabilité financière", d'un nombre conséquent de structures, souligne un rapport du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes. Entre 3.500 et 5.000 femmes iraient encore avorter à l'étranger chaque année.
Certains mouvements, dont Alliance Vita, continuent toutefois à s'opposer à la "banalisation" de l'IVG.
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