A Grenoble, la suppression des panneaux publicitaires de l'espace public, "dynamique historique", pour le maire écologiste Éric Piolle, qui l'a annoncé hier, suscite les critiques de l'opposition et des doutes chez les habitants.
Dans son bureau de l'Hôtel de ville, grand immeuble en béton à moquette murale polie par 45 ans d'usage, Éric Piolle défend une vision de la ville en rupture avec celle de cette époque: "Les villes se sont construites dans les années 60 sur un modèle de consommation de masse, avec un espace public tourné vers la voiture, vers cette publicité, et petit à petit une uniformisation de l'espace public et des villes où qu'on soit. A Grenoble, à Sofia, partout finalement, on voit le même mobilier, les mêmes publicités, les mêmes enseignes".
Dehors, le gris discret des grands panneaux 4x3 est bien le même que dans la plupart des villes de France, mais depuis deux jours, il attire à nouveau l??il des Grenoblois.
"Je n?ai pas toujours les mêmes idées que notre maire de Grenoble, mais je hais la publicité comme ça qui nous agresse", approuve Madeleine, retraitée de 70 ans. Je trouve que c?est une bonne décision."
- "Vers une ville qui retrouve son identité" -
"Nous sommes à un virage", poursuit l'édile de Grenoble élu en mars dernier, "parce que les nouveaux modèles, sur internet par exemple, ont mis à mal cette publicité classique de l'affichage en ville". Et, "finalement, la décision à prendre, c'est ou bien on passe à l'étape d'après: des écrans animés ou au contraire on se met en avance de l'histoire pour aller vers une ville qui retrouve son identité, qui retrouve un espace public apaisé".
Entre janvier et avril 2015, 326 panneaux publicitaires seront ainsi déboulonnés par le groupe JCDecaux, dont 227 "sucettes" (de moins de 2 mètres de haut), 20 colonnes, et 64 grands panneaux de 8 mètres carrés, soit au total 2.051 mètres carrés de panneaux publicitaires.
Les espaces sur les abribus ne sont en revanche pas concernés dans l'immédiat, le contrat signé avec JCDecaux ne prenant fin qu'en 2019.
Mais la décision ne fait pas l'unanimité. D'abord à cause du coût direct qu'elle va représenter pour la ville.
Avec la fin de ce contrat, "la ville se prive de 6 millions de redevance sur 10 ans", soit 600.000 euros par an, explique Albert Asseraf, directeur chez JCDecaux. "Et elle prive aussi ses habitants d?un service d?information, puisque la moitié des panneaux servait à de l'affichage de la municipalité".
- "Un mobilier urbain intelligent" -
Un chiffre contesté par la mairie de Grenoble, justement à cause du développement de nouveaux supports publicitaires qui font baisser les revenus de la redevance. "Dans la ville de la vieille époque, ces affiches statiques rapportaient beaucoup: 600.000 euros par an à la ville. Mais on est tombé à 100, 150.000 euros", affirme le maire.
Mais l'opposition à la mairie conteste également le projet derrière cette décision. "Il faut savoir que la nouvelle génération de mobilier urbain est dite intelligente, elle peut apporter de nouveaux services aux habitants", développe Mathieu Chamussy, élu UMP de l'opposition.
Sur la place de Verdun, en plein centre-ville, pas de grands panneaux pour les voitures, mais des "sucettes" plus discrètes à destination des piétons, de format similaire à celui des affiches d'abribus, qui resteront en place.
A la sortie d'un tram, Paul-Marie, lycéen de 18 ans, pense "qu'il y a d'autres choses prioritaires pour la ville de Grenoble". "Le nombre de sans-abris a augmenté, il faudrait d'abord s?occuper de ses gens-là, plutôt que d'enlever des panneaux publicitaires qui sont une ressource".
Reste que derrière les toits des bâtiments XIXe qui entourent la place, seuls comptent, pour les Grenoblois, les sommets enneigés des Alpes.
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