Moins de 20% des femmes subissant des violences portent plainte contre leur partenaire. Le gouvernement a promis mardi de faciliter les démarches avec la police et d'améliorer la coordination entre les différents acteurs de la prise en charge des victimes.
Systématiser les dépôts de plainte en cas de signalement de violences et garantir le suivi des femmes victimes: c'est l'objectif d'une convention avec la police sur le traitement des mains courantes signée mardi à Paris par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, ses homologues de la Justice Christiane Taubira et des Affaires sociales Marisol Touraine, ainsi que la secrétaire d'État chargée des Droits des femmes, Pascale Boistard.
Ce dispositif entend répondre aux hésitations des femmes à déposer plainte contre leur compagnon ou ex compagnon, un acte très dur psychologiquement.
"Les choses bougent un peu", s'est réjouie à l'AFP Viviane Monnier, directrice de l'association +Halte Aide aux femmes battues+. Mais à ses yeux, ce sont les "mentalités" qui doivent évoluer. "Dans la formation des policiers est inscrit un module sur la violence faites aux femmes, la nouvelle génération est donc sensibilisée", relève-t-elle.
Pour Mme Touraine, "la plainte doit devenir un principe, et la main courante l'exception". "Les femmes doivent se sentir rassurées et capables de s'engager dans des procédures", a-t-elle souhaité.
De son côté, Mme Taubira a évoqué l'action du gouvernement pour faire face au fléau des violences conjugales, alors que mardi était diffusée une circulaire aux procureurs de toute la France contenant une série de mesures. Généralisation du téléphone "grand danger" et des stages de responsabilisation des mis en cause, auxquels ont recours 72 parquets, ont d'ores et déjà donné des "résultats encourageants", a souligné la Garde des Sceaux.
La ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes a quant à elle annoncé un autre renforcement de la collaboration entre les différents acteurs. Elle a ainsi mentionné la mise en place d'un nouveau protocole ayant pour objectif de créer un parcours continu pour les victimes de ces violences, en encourageant la mise en réseau des professionnels chargés de les accompagner.
Ce protocole sera expérimenté en Alsace et en Aquitaine, pour permettre l?identification et la mise en réseaux des acteurs locaux ainsi que la structuration des parcours.
- Garantir une prise en charge spécifique -
En parallèle, la ministre a annoncé la mise en place dans chaque service hospitalier d'urgence d'un référent en matière de violences sexuelles, professionnel de la santé, qui sera chargé aussi de sensibiliser les autres professionnels. Enfin, la Haute autorité de Santé sera saisie pour recenser les bonnes pratiques en matière de dépistage et de suivi des victimes.
"Aujourd'hui, les femmes victimes de violences sont prises en charge comme le sont tous les autres patients, rien de plus", pointe du doigt Viviane Monnier. "Si le médecin ou personnel médical qui les traite est sensibilisé, () des informations peuvent leur être données", poursuit-elle, soulignant l'importance d'une utilisation ultérieure de cette prise en charge en cas de plainte et de procédure.
Ce renforcement de l'articulation entre les différents acteurs (santé, justice, police, associations) et de la sensibilisation a été très bien accueilli par les associations.
Pour Françoise Brié, il faut "effectivement qu'il y ait des personnes qui puissent avoir les bons réflexes et avoir l'écoute indispensable, pour pouvoir travailler ensuite en lien avec les autres partenaires pour que les femmes puissent être accompagnées et suivies tout au long de leur parcours".
Autre v?u du gouvernement: renforcer l'accès au logement autonome pour les femmes victimes de violence.
Selon le ministère des Affaires sociales, 410 places dédiées aux femmes victimes de violence ont été crées en 2013. A mi-2014, 600 solutions d?hébergement supplémentaires leur étant destinées avaient été créées. 1.600 sont encore en prévision.
Pourtant, affirment les associations, la recherche de logement d'urgence pour les femmes est toujours une "galère". En moyenne, le réseau Solidarité femmes estime ne pouvoir satisfaire que 10 à 30% des demandes.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.