Plus de 45 personnes ont été tuées dans un double attentat-suicide mené mardi par deux femmes dans un marché populaire de Maiduguri, fief historique du groupe islamiste armé Boko Haram dans le nord-est du Nigeria.
La capitale de l'Etat de Borno, qui fut un temps le théâtre d'attaques quotidiennes du groupe islamiste, avait été épargnée par les attentats ces cinq derniers mois.
Selon Dogara Shehu, de l'équipe médicale sur place, "plus de 45 personnes ont été tuées, dont certaines ont été complètement décapitées". Son récit concorde avec celui de plusieurs autres témoins.
Un responsable des services de secours nigérians (NEMA) a pour sa part confirmé que "beaucoup de gens ont été tués", sans pouvoir donner de bilan plus précis.
"Il s'agit d'attentats-suicides impliquant deux femmes", a déclaré à l'AFP une source sécuritaire de haut rang basée à Maiduguri, sous couvert d'anonymat.
La première kamikaze était postée près d'un rickshaw (triporteur à moteur très utilisé dans le pays) rempli de marchandises, a relaté cette source, et elle a répondu à un appel sur son portable.
"Elle a ensuite fait tomber (son portable) et elle s'est fait exploser, laissant croire aux gens que la bombe avait été cachée à l'intérieur du rickshaw", a-t-elle poursuivi.
"Près de 10 minutes plus tard, une autre femme, qui avait l'air d'avoir 19 ans et qui transportait ce qui ressemblait à un bébé () sous son hijab, a déclenché une bombe sur son dos", a ajouté la source sécuritaire.
Au moment où la deuxième kamikaze s'est fait exploser, une foule s'était amassée sur les lieux du premier attentat-suicide pour porter secours aux victimes, selon des témoins.
Le 1er juillet, le Monday Market avait déjà été la cible d'un attentat à la bombe attribué à Boko Haram, dans lequel au moins 15 personnes avaient péri.
- Une vague de femmes kamikazes -
Les femmes kamikazes, qui dissimulent des explosifs sous leur long hijab, ont multiplié les attentats au Nigeria ces derniers mois.
En juillet à Kano, la plus grande ville du nord du Nigeria, une vague d'attentats-suicides perpétrés par des jeunes filles avait semé la psychose.
En juin déjà, une kamikaze - la première au Nigeria - s'était fait exploser devant une base militaire dans le Nord-Est. Un peu plus tard le même mois, une femme avait été soupçonnée d'avoir participé à un double attentat dans le port de Lagos.
Plus récemment, des attentats-suicides ont été perpétrés par des femmes dans l'Etat de Bauchi, toujours dans le Nord-Est, et près de la capitale, Abuja, dans l'Ouest.
L'attentat de Maiduguri n'a pas encore été revendiqué mais la capitale de l'Etat de Borno, où Boko Haram a été fondé il y a plus de 10 ans, a été fréquemment attaquée par les islamistes.
L'insurrection et sa répression par l'armée ont fait plus de 13.000 morts depuis le début des violences en 2009. Les affrontements entre l'armée et les insurgés ont d'abord été quasi-quotidiens à Maiduguri.
Quand Boko Haram s'est ensuite concentré dans des régions plus reculées du Nord-Est, les civils fuyant les combats ont afflué de plus en plus nombreux pour se réfugier dans la ville.
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