Le pape François a exhorté mardi l'Europe "vieillie", qu'il a comparée à une "grand-mère" affaiblie, à devenir une "référence pour l'humanité" et à aider les migrants qui affluent sur ses côtes.
Dans un discours très critique devant le Parlement européen, le pape argentin a évoqué l'impression générale que donnait l'Europe, "celle d'une grand-mère, d'une Europe qui n'est plus féconde et vivante" et "qui tend à se sentir moins protagoniste".
"Le moment est venu d'abandonner l'idée d'une Europe effrayée et repliée sur elle-même", pour qu'elle soit "un précieux point de référence pour toute l'humanité", a-t-il souligné.
François a renouvelé son appel de juillet 2013 sur l'île italienne de Lampedusa: "On ne peut tolérer que la Méditerranée devienne un grand cimetière! Dans les barques qui arrivent quotidiennement sur les côtes européennes, il y a des hommes et des femmes qui ont besoin d'accueil et d'aide". Et le pape de demander "des législations qui sachent en même temps protéger les droits des citoyens européens et garantir l'accueil des migrants".
Purement institutionnel, ce déplacement de quatre heures, le plus court d'un pape à l'étranger, ne prévoyait aucun bain de foule, ni de rencontre avec les catholiques français, à la grande déception des fidèles cantonnés derrière un écran géant dans la cathédrale de Strasbourg.
Face à la déception, le Vatican a promis une visite en France pour 2015.
Les fidèles ont applaudi lorsqu'ils ont vu à l'écran le pape atterrir à Strasbourg peu avant 10H00 (09H00 GMT). Il a été reçu au nom du gouvernement français par la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, numéro trois du gouvernement.
Alors qu'il était accueilli au Parlement européen au son des hymnes du Vatican puis européen, les cloches ont sonné dans toute la ville de Strasbourg.
Dans un bref moment d'émotion, le pape a pu retrouver une Allemande de 97 ans qui l'avait hébergé en 1985, alors qu'il apprenait l'allemand. Tireurs d'élite, policiers, gendarmes: un millier d'agents des forces de l'ordre ont été déployés dans la capitale alsacienne.
"Les grandes idées qui ont jadis inspiré l'Europe semblent avoir perdu leur attrait pour être remplacées par les technicités bureaucratiques des institutions", a fustigé François dans son discours énergique devant les députés européens.
- Avortement et euthanasie -
"Le christianisme ne représente pas une menace pour le caractère sécularisé des Etats ou l'indépendance des institutions de l'Europe, mais plutôt un enrichissement", a-t-il martelé, alors que quelques eurodéputés avaient protesté contre sa venue, au nom de la laïcité.
Le pape a fustigé surtout l?individualisme et le consumérisme, le manque de solidarité, la bureaucratie, qui réduisent hommes et femmes "à des maillons d'un engrenage qui les traitent en objets de consommation". Dans une condamnation indirecte de l'avortement et de l?euthanasie, il a cité "le cas de personnes en phase terminale, des vieux qui sont abandonnés et laissés sans soin, des enfants qui sont tués dans le ventre de la mère".
Après s'être adressé aux élus du Parlement européen, venus des 28 pays de l'Union, le pape a traversé la rivière pour entrer au Conseil de l'Europe, une organisation intergouvernementale représentant 47 Etats. Accompagnés d'une guitare, une poignée de fidèles ont entonné des chants chrétiens, bloqués derrière les barrières de sécurité du Conseil de l'Europe.
Le dernier pape à s'être rendu dans ces assemblées était Jean Paul II en 1988, quand l'Europe était encore coupée en deux par le rideau de fer.
Devant le Conseil de l'Europe, le pape devait appeler les Européens à rester engagés dans le monde, sans se replier sur eux-mêmes.
La visite éclair de François intervient dans une période de tensions en Europe: chômage, immigration, débats de société difficiles et menace d'une nouvelle guerre froide avec le conflit en Ukraine.
Au centième anniversaire de la Grande guerre, et près de 70 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, la pape François devait aussi se tourner vers Moscou et appeler à un apaisement en Ukraine.
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