Immeubles incendiés, policiers pris pour cibles, commerces pillés: la ville américaine de Ferguson a connu une nuit d'émeutes et de violences après l'annonce lundi soir de l'abandon des poursuites à l'encontre d'un policier blanc ayant tué en août un jeune Noir désarmé.
Dès l'annonce du verdict prononcé par un jury populaire, les violences ont éclaté dans la petite ville du Missouri (centre) tandis que, de Seattle à New York en passant par Chicago et Los Angeles, des milliers d'Américains descendaient dans les rues pour dénoncer "le racisme qui tue".
A Ferguson, où la mort de Michael Brown, abattu à 18 ans de six balles par un policier, avait déjà déclenché de graves émeutes raciales, les échauffourées ont opposé les manifestants aux forces de l'ordre, d'abord devant le commissariat de police avant de s'étendre dans la ville.
"Pas de justice, pas de paix", scandaient les manifestants en colère, sourds aux appels au calme lancés un peu plus tôt par le président Barack Obama et la famille Brown.
Selon le chef de la police du comté de Saint-Louis Jon Belmar les forces de l'ordre ont été la cible de nombreux tirs --150, selon son propre décompte-- qui n'ont pas fait de victime.
Les policiers, qui avaient reçu des renforts de la Garde nationale et du FBI, ont riposté à coups de gaz lacrymogènes, matraques, et grenades aveuglantes pendant que dans certaines rues se déroulaient de véritables batailles rangées au coeur de cette banlieue de Saint-Louis, sillonnée par des véhicules blindés.
De nombreux commerces ont été pillés, des véhicules et bâtiments incendiés. A 02H30 locales, douze immeubles étaient en flammes, a précisé Jon Belmar, lors d'une conférence de presse. 29 manifestants ont été arrêtés. Le gouverneur du Missouri Jay Nixon, qui avait décrété l'état d'urgence dans la crainte de violences, a demandé de nouveaux renforts de la garde nationale.
- Légitime défense -
Après trois mois de délibérations, le procureur du comté de Saint-Louis a annoncé lundi soir que l'agent de police, Darren Wilson, ne serait pas inculpé, le jury ayant considéré qu'il avait agi en état de légitime défense après une "altercation".
"Il n'y a pas de doute que l'agent Wilson a causé la mort" de Michael Brown, a déclaré à la presse le procureur Robert McCulloch, parlant de "décès tragique". Mais les douze jurés, neuf Blancs et trois Noirs, qui ont mené une instruction "complète et profonde", "ont déterminé qu'il n'y a pas de raison suffisante pour intenter des poursuites contre l'officier Wilson".
"Le devoir d'un grand jury est de séparer les faits de la fiction", a-t-il insisté, rappelant que les jurés avaient entendu une soixantaine de témoins 70 heures durant, examiné des centaines de photos et d'éléments à charge et écouté trois médecins légistes.
"C'est une chose qu'ils ont toujours faite. J'ai 63 ans, j'ai vu cela à l'époque de Martin Luther King. Ils n'ont pas changé et ne changeront jamais", déclarait un homme interrogé par l'AFP dans une rue de Ferguson.
Pat Bailey, une habitante de Saint-Louis à la retraite, s'attendait elle aussi à cette décision: "J'ai vécu suffisamment longtemps pour savoir que les Afro-Américains ne sont pas considérés comme des êtres humains".
Peu après l'annonce de la décision, le président Obama et la famille de Michael Brown ont exhorté la foule à manifester dans le calme et la police à faire preuve de "retenue".
- Défiance entre policiers et noirs -
Devant la Maison Blanche, la foule brandissait des pancartes réclamant "Justice pour Mike Brown" et scandait "les mains en l'air, ne tirez-pas".
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