Coluche n'avait certainement pas imaginé l'ampleur que prendrait son initiative: les Restos du Coeur ont lancé lundi leur 30e campagne hivernale en présence de Manuel Valls, qui a promis de "promouvoir les dons" pour faire face à plus d'un million de bénéficiaires attendus.
Lait, oeufs, boîtes de conserve, pâtes, lessives, yaourts dans le centre des Restos du 15ème arrondissement de Paris, tout était prêt lundi matin pour l'accueil des familles qui n'arrivent plus à finir le mois, des jeunes sans ressources et des retraités en difficultés à cause de faibles pensions. Comme chaque hiver, les 2.090 centres vont ouvrir quotidiennement ou plusieurs fois par semaine, jusqu'en mars, et distribuer ces denrées.
La saison dernière, ils ont distribué 130 millions de repas. Surtout, ils ont atteint pour la première fois le "record assez détestable" d'un million de bénéficiaires, qui devrait être égalé voire dépassé cette année, estime le président des Restos Olivier Berthe.
"Trente ans, cela veut dire que les problèmes d'hier demeurent et () qu'ils se sont aggravés", a reconnu le Premier ministre, venu "pour ce lancement marquant" saluer certains des 67.600 bénévoles des Restos, qui représentent selon lui "ce qu'il y a de plus beau pour la France: l'engagement, la générosité".
"J'aime rendre service, et que les familles repartent avec le sourire et le cabas plein", a simplement expliqué à l'AFP Christelle, retraitée bénévole depuis 2007, en chemisier rose, couleur des Restos.
Pour Manuel Valls, cette solidarité "rend quand même optimiste sur l'état de notre société". Mais il reconnaît que "l'hiver risque d'être très difficile pour des millions de nos concitoyens".
"Cette campagne débute sous des auspices inquiétants", a confirmé Olivier Berthe, rappelant que les dons et legs (84 millions pour la saison dernière), qui représentent près de la moitié des ressources de l'association, stagnaient, alors qu'il en faudrait plus pour faire face à la hausse des bénéficiaires.
- "Jeter coûte moins cher" -
"Le gouvernement s'engage à promouvoir les dons", a assuré Manuel Valls, évoquant sans plus de précisions un "plan de lutte contre le gaspillage alimentaire", mais aussi des mesures pour "faire en sorte que plus de produits puissent être donnés dans le secteur agricole et agroalimentaire" et par "les grandes surfaces avec une déduction fiscale".
Il répond ainsi à une demande répétée des Restos du Coeur, qui cherchent depuis plusieurs années à diversifier leurs ressources.
Ils avaient obtenu l'an dernier du gouvernement que la loi Coluche sur les exonérations fiscales soit étendue aux dons des producteurs laitiers. Elle a permis de récolter 850.000 litres pour les Restos, mais l'association réclame cette mesure pour tous les dons agricoles.
Elle souhaite aussi des exonérations pour les grandes surfaces et entreprises agroalimentaires, qui pour l'instant préfèrent jeter chaque jour des tonnes de nourriture invendues, proches des dates de péremption, car "jeter coûte moins cher que stocker et donner à une association", se désole Olivier Berthe.
Le chef du gouvernement, après une visite d'environ une heure avec les ministres de la Santé et des Finances Marisol Touraine et Michel Sapin, la maire de Paris Anne Hidalgo et le président du Conseil régional d'Ile-de-France Jean-Paul Huchon, a appelé à un "véritable sursaut pour la justice, contre les inégalités, pour une meilleure répartition des richesses". "C'est l'engagement que je prends devant vous."
"Coluche avait vu son action comme une aide d'urgence", a rappelé le chanteur Maxime Le Forestier, saluant "le coup de génie d'un clown". "Malheureusement, les Restos existent encore et c'est désespérant", a conclu un autre "enfoiré", Bénabar.
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