L'Iran et les grandes puissances s'orientent vers une probable prolongation en décembre de leurs négociations sur le dossier nucléaire iranien, a-t-on appris lundi à Vienne, alors que plusieurs jours de discussions acharnées n'ont pas permis d'aboutir à un accord dans le délai que s'étaient fixé les deux parties.
"Compte-tenu des progrès réalisés ce week-end, les négociations s'orientent vers une probable prolongation, les experts et les négociateurs se retrouvant en décembre à un endroit qui reste à déterminer", a indiqué un diplomate occidental.
Cette annonce est intervenue alors que le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et ses homologues du groupe des "5+1" - l'Américain John Kerry, le Chinois Wang Yi, le Français Laurent Fabius, le Britannique Philip Hammond, le Russe Sergueï Lavrov et l'Allemand Frank-Walter Steinmeier - étaient tous réunis, pour la première fois depuis le début de ce dernier cycle de négociations entamé le 18 novembre.
Elle signifie qu'un règlement politique complet n'a pu encore être trouvé dans ce dossier, objet de fortes tensions depuis douze ans entre l'Iran et les grandes puissances.
Celles-ci exigent que l'Iran réduise ses capacités nucléaires, afin d'exclure tout débouché militaire. Téhéran, qui soutient que son programme nucléaire est strictement pacifique, revendique son droit à une filière nucléaire civile complète et demande la levée des sanctions économiques occidentales qui l'asphyxient.
Sept jours de pourparlers ininterrompus n'ont pas permis de rapprocher entièrement les positions sur l'enrichissement d'uranium par l'Iran et les sanctions occidentales contre Téhéran, les deux points clés d'un règlement politique.
- Scénarios pour la suite -
Le délai que les deux parties s'étaient fixé pour parvenir à un accord court jusqu'à lundi minuit, mais les deux côtés avaient déjà, pendant le week-end, évoqué une éventuelle prolongation des discussions.
"En raison de difficultés d'ordre technique, il est possible que nous ayons besoin de davantage de temps", a, le dernier, reconnu M. Wang à son arrivée dans la capitale autrichienne lundi matin.
MM. Kerry et Zarif, qui ont eu lundi matin leur septième tête à tête depuis jeudi, ont déjà abordé ensemble les différents scénarios sur la meilleure manière de poursuivre la négociation.
La durée d'une prolongation est encore inconnue, même si une source iranienne, interrogée par l'AFP, a parlé de "six mois ou un an."
Une telle option serait toutefois très délicate politiquement pour le président modéré iranien Hassan Rohani et pour son homologue américain Barack Obama, tous deux aux prises avec ce que l'analyste Kelsey Davenport, interrogée par l'AFP, appelle "les durs qui, à Washington comme à Téhéran, veulent saboter l'accord".
Les deux parties négocient en vertu d'un accord intérimaire conclu à Genève en novembre 2013, qui prévoit le gel d'une partie des activités nucléaires de l'Iran contre une levée partielle des sanctions internationales.
Le proroger "serait le moindre mal", selon une source iranienne, expliquant que le pire serait "un climat de confrontation avec une escalade de part et d'autre. Par exemple, qu'on réponde à de nouvelles sanctions par un développement du programme nucléaire".
- Une prolongation risquée -
Quels seront les contours de la prolongation? Kelsey Davenport estime qu'un délai de plusieurs mois "n'aurait aucune chance" d'aboutir. Cette experte en non-prolifération nucléaire de l'Arms Control Association juge en revanche réaliste "une courte prolongation pour affiner les détails d'un accord", en cas d'avancée suffisante d'ici lundi soir.
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