Une centaine de personnes ont été tuées en fin de semaine dans la région de Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où près de 200 civils ont été massacrés en moins de deux mois.
Des députés de cette région montagneuse et frontalière de l'Ouganda ont indiqué lundi à l'AFP avoir comptabilisé une centaine de morts, tués jeudi dans quatre localités voisines à une vingtaine de kilomètres au nord de Beni.
Un premier bilan donné vendredi par les autorités locales faisait état de neuf morts.
Située dans le Nord du Nord-Kivu, à environ 250 km au nord de Goma, la capitale provinciale, Beni est une importante place commerciale, et le fief de la communauté des Nande. Les premiers massacres ayant endeuillé la région ont commencé en octobre, et ont été perpétrés par les rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF).
La Société civile du Nord-Kivu, ONG basée à Beni, a accusé les ADF d'être responsables de la nouvelle tuerie de jeudi, mais les diverses sources interrogées par l'AFP n'ont pas été en mesure de confirmer cette accusation.
"J'ai le chiffre de 95 corps qui ont été enterrés dans une fosse commune", ainsi que "neuf autres qui ont été présentés aux autorités" dans une morgue, a déclaré à l'AFP Juma Balikwisha, député de l'opposition. "On n'a pas encore un bilan définitif. C'est entre 70 et 100 personnes tuées", a dit pour sa part Albert Baliesima, député de la majorité.
Selon une source administrative à Beni, l'attaque de lundi a fait "au moins 80 morts".
Joint par téléphone, un habitant de la zone a confirmé à l'AFP qu'on avait "ramassé 95 corps en brousse". Les victimes, tuées à la machette, ont été ensevelies dans le village de Tepiomba, a-t-il ajouté.
Lundi à la mi-journée, le gouvernement de Kinshasa n'avait fait aucune déclaration sur ce nouveau massacre perpétré alors que l'ONU déplore une nette dégradation de la sécurité au Nord-Kivu.
- L'ONU veut une "action décisive" -
Dans un communiqué, l'envoyé spécial des Nations unies pour la région des Grands Lacs, Saïd Djinnit, a estimé que "la dégradation de la situation dans la région de Beni et au-delà plaide pour une action décisive en vue de neutraliser toutes les forces négatives en RDC".
Vendredi, la Société civile du Nord-Kivu avait exhorté l'armée, la police et la Mission de l'ONU en RDC (Monusco) à agir "d?urgence" pour rétablir la sécurité.
L'armée congolaise a lancé en janvier une offensive qui lui a permis de reprendre les principales place fortes des ADF, rebelles musulmans opposés au président ougandais Yoweri Museveni, mais cette opération militaire s'est arrêtée après le décès, fin août, du général qui commandait l'opération.
Alors que l'armée et les autorités étaient accusées de ne rien faire pour protéger la population locale, le président congolais Joseph Kabila s'était rendu à Beni du 29 au 31 octobre. Il y avait assuré que le Congo allait "gagner contre les terroristes" mais sa présence n'avait pas empêché un nouveau massacre.
Le 2 novembre, après son départ et une nouvelle attaque ayant fait une dizaine de morts, une foule en colère avait déboulonné la statue du "rond-point Kabila" et brûlé des drapeaux de la Majorité présidentielle, la coalition qui soutient le chef de l?État.
Présents en RDC depuis 1995, les ADF ne compteraient plus aujourd'hui que 400 combattants repliés dans les hauteurs difficiles d'accès des monts Ruwenzori, qui culmminent jusqu'à 5.000 mètres à la frontière entre le Congo et l'Ouganda.
L'est de la RDC, où pullulent encore des dizaines de groupes armés congolais et étrangers, est déchiré depuis plus de 20 ans par des conflits alimentés par des divisions ethniques, des querelles foncières et les appétits suscités par les abondantes richesses naturelles.
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