Les bureaux de vote de Tunisie ont fermé dimanche soir à l'issue de la première présidentielle depuis la révolution de 2011, un scrutin auquel participaient 27 candidats dont le président sortant et le chef du parti vainqueur des législatives.
"L'opération de vote se déroule dans des conditions normales", a jugé en fin d'après-midi le président de l'instance électorale (ISIE), Chafik Sarsar, qui a jusqu'au 26 novembre pour annoncer les résultats et la tenue d'un deuxième tour fin décembre si aucun candidat n'obtient dimanche de majorité absolue.
Le taux de participation était pour sa part assez mesuré, atteignant 53,73% vers 16H30 (15H30 GMT), une heure et demi avant la fermeture des bureaux de vote à 17H00 GMT.
La publication de sondages à la sortie des bureaux de vote a été interdite.
A l'issue du scrutin, aucun incident majeur n'avait été signalé, même si la campagne du président Moncef Marzouki a accusé des partisans du candidat favori, Béji Caïd Essebsi, d'avoir voulu l'attaquer.
Les autorités ont elles insisté sur le caractère historique de cette première présidentielle libre de la Tunisie indépendante, les précédents présidents, Habib Bourguiba et Zine EL Abidine Ben Ali ayant usé du plébiscite ou de falsifications pour se faire réélire avec des scores dépassant les 90% des voix.
"C'est une journée historique, la première élection présidentielle en Tunisie avec des normes démocratiques avancées. Si Dieu le veut, ce sera une grande fête électorale", s'est félicité dans la matinée le Premier ministre Mehdi Jomaa, un indépendant chargé en début d'année de sortir la Tunisie d'une profonde crise politique et d'organiser les échéances électorales.
Près de 5,3 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes un mois après la tenue des législatives dont le caractère démocratique a été salué par la communauté internationale, une exception dans la région, l'essentiel des pays du Printemps arabe ayant basculé dans la répression ou le chaos.
"J?ai voté et je suis heureux, vraiment heureux car c?est la première fois depuis les élections de 1981. Ce sont des élections crédibles à 100% et que Dieu nous fasse réussir", se réjouissait Hedi Ouledali, un retraité tunisois.
M. Caïd Essebsi, 87 ans et chef du parti anti-islamiste Nidaa Tounès, vainqueur des législatives du 26 octobre, a été parmi les premiers à voter, lançant "Vive la Tunisie!" peu après avoir glissé son bulletin dans l'urne.
- Eviter une nouvelle dictature -
Son principal concurrent est le président sortant, Moncef Marzouki, qui avait pris la tête de l'Etat fin 2011 à la suite d'un accord de coalition avec les islamistes d'Ennahda. Ces derniers, arrivés deuxièmes aux législatives, ont décidé de ne soutenir aucun candidat.
Le chef de l'Etat a voté à la mi-journée dans une localité proche de Sousse, à 140 km au sud de Tunis. Une petite foule de protestataires a été maintenue à distance par la police, selon un journaliste de l'AFP, mais les partisans du chef de l'Etat ont considéré que ses adversaires "se préparaient à attaquer le docteur Moncef Marzouki à son arrivée".
M. Marzouki s'est efforcé de se poser en candidat naturel de la révolution, par opposition à M. Caïd Essebsi qui a servi comme ministre sous Bourguiba et présidé brièvement le Parlement de Ben Ali.
Le chef de Nidaa Tounès a fait campagne sur la nécessité de renforcer l'Etat et son prestige, la Tunisie ayant vécu une transition mouvementée marquée par les assassinats de deux opposants à Ennahda, l'essor de groupes jihadistes et des problèmes socio-économiques structurels.
Vingt-cinq autres personnalités sont en lice, dont des ministres du régime déchu, la figure de proue de la gauche, Hamma Hammami, le richissime homme d'affaires Slim Riahi ainsi qu'une magistrate, Kalthoum Kannou, seule femme candidate.
Afin d'éviter un retour à la dictature, la nouvelle Constitution donne des prérogatives assez limitées au président, élu pour cinq ans, mais l'élection au suffrage universel lui confère un poids politique important. L'essentiel du pouvoir exécutif dépend du futur Premier ministre issu de la majorité parlementaire.
M. Caïd Essebsi espère qu'une victoire lui permettra de former plus facilement une majorité de gouvernement, la victoire aux législatives de son parti étant insuffisante pour gouverner seul.
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