L'heure de vérité a sonné pour les l'Iran et les grandes puissances réunis à Vienne pour sceller un accord historique sur le programme nucléaire de Téhéran, les parties reconnaissant être encore loin de l'objectif final samedi, à deux jours de la date butoir.
Dans ce dossier brûlant qui empoisonne la communauté internationale depuis plus d'une décennie, Américains, Européens et Iraniens s'accordent tous à reconnaître que des "divergences importantes" subsistent pour parvenir, dans deux jours, à un règlement complet et définitif.
"C'est l'heure de vérité", a lancé le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier en arrivant à Vienne, où il s'est entretenu avec son homologue américain John Kerry.
Ce dernier a reconnu qu'il restait "de grosses divergences (), de graves divergences" avec l'Iran, tout en assurant que tout le monde "travaillait dur" pour réaliser une percée.
"Nous n'avons jamais été si proches d'un accord, mais nous en sommes encore loin", a souligné le ministre allemand, parlant d'une issue des négociations "complètement ouverte".
Côté iranien, une source proche de la délégation a aussi admis auprès de l'AFP que "le fossé [restait] encore important", réclamant "maintenant une décision politique" de tous les gouvernements impliqués.
Le groupe "5+1" (Chine, Etats-Unis, France, Russie, Royaume-Uni et Allemagne) et l'Iran s'efforcent de conclure d'ici lundi soir un accord qui mettrait fin à douze ans de tensions internationales.
La communauté internationale souhaite que l'Iran réduise ses capacités nucléaires afin d'exclure tout débouché militaire. Téhéran, qui soutient que son programme nucléaire est strictement pacifique, revendique son droit à une filière nucléaire civile complète et demande la levée des sanctions économiques qui l'asphyxient.
Les tractations, qui s'emballent depuis vendredi, se font principalement entre les deux acteurs clés, John Kerry et le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif. Les deux ministres, qui affichent une bonne entente, ont eu trois entretiens en 24 heures à Vienne et doivent se revoir samedi en fin après-midi, sous l'égide de la négociatrice européenne Catherine Ashton, selon des diplomates iranien et américain.
John Kerry a aussi multiplié dans la matinée les appels téléphoniques à ses homologues des pays arabes et de la Turquie.
Côté européen, le ministre des Affaires étrangères britannique Philip Hammond et son homologue français Laurent Fabius avaient dès vendredi à Vienne parlé de "divergences importantes" entre le "5+1" et Téhéran.
- Accord-cadre intérimaire -
Les difficultés restant à surmonter amènent des experts à envisager un nouvel accord intérimaire - un accord-cadre général - faute d'entente définitive lundi. Les parties se donneraient ensuite un délai supplémentaire pour continuer de négocier les détails d'un règlement complet.
L'hypothèse d'une prolongation des négociations a été officiellement écartée par John Kerry jeudi à Paris.
Mais un diplomate américain à Vienne a confié à l'AFP: "Nous n'allons pas discuter avec les Iraniens, de manière prématurée, d'une prolongation () mais évidemment on réfléchit à l'heure actuelle au meilleur chemin pour aller de l'avant".
Entre l'Iran et le "5+1", les points d'achoppement sont connus: rythme de levée des sanctions d'une part, capacités iraniennes à enrichir de l'uranium de l'autre.
Remettant la pression sur Téhéran, le Britannique Hammond a rappelé que la République islamique aurait "énormément à gagner" d'un accord: "L'accès à des montants très importants d'avoirs gelés, la capacité de commercer de nouveau librement avec le monde, et de faire redémarrer les relations avec la communauté internationale".
Un accord redonnerait du souffle à l'économie iranienne, en particulier grâce à la levée de l'embargo occidental sur le pétrole. Il ouvrirait aussi la voie à une normalisation des relations entre l'Iran et l'Occident, voire à des coopérations sur l'Irak et la Syrie.
En revanche, un accord provisoire ou intérimaire pourrait faire le jeu de ceux qui dans les deux camps, occidental et iranien, sont opposés à un règlement international.
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