Nicolas Sarkozy devrait redevenir président de l'UMP le 29 novembre, dès le 1er tour du scrutin, tout l'enjeu pour lui étant de faire le score le plus élevé possible face à ses deux concurrents, Bruno Le Maire et Hervé Mariton, pour avoir les mains libres et transformer le parti en vue de 2017.
268.341 adhérents seront invités à choisir leur nouveau président par internet, du vendredi 28 novembre à 20h00 (heure de la métropole) au lendemain même heure. En cas de besoin, un second tour serait organisé le 6 décembre.
La Haute autorité de l'UMP, sous la direction de la juriste Anne Levade, supervisera les opérations, en prenant garde à ne pas laisser se reproduire les errements de fin 2012 entre copéistes et fillonistes, qui avaient failli faire imploser le parti.
A priori, le scrutin, organisé après le départ forcé de Jean-François Copé causé par l'affaire Bygmalion, ne devrait pas réserver de surprise.
Dans un contexte compliqué pour la majorité - PS divisé, exécutif en difficulté - Nicolas Sarkozy, qui signe à 59 ans un retour inhabituel pour un ex-président deux ans et demi après sa défaite face à François Hollande, devrait remporter la mise dès le 1er tour.
Il ne devrait toutefois pas rééditer son score de 2004 (85%), quand il avait conquis le parti pour la première fois: Bruno Le Maire, 45 ans, est crédité d'au moins 20% des voix et Hervé Mariton, 56 ans, de 5-10%, notamment auprès des militants opposés au mariage homosexuel, dont il est le champion.
Mais son revirement récent en faveur de l'abrogation de la loi Taubira pourrait lui faire gagner des voix auprès de cet électorat. Et lui en faire perdre ailleurs. Selon un récent sondage, les pro-mariage gay et adoption pour les couples homosexuels sont désormais majoritaires parmi les sympathisants UMP (58%).
Les trois candidats ont mené chacun une campagne dynamique, organisant de nombreux meetings à travers la France (plus d'une centaine aussi bien pour Le Maire que Mariton, une vingtaine pour Sarkozy).
Nicolas Sarkozy veut "chambouler" l'UMP de fond en comble, pour redorer son blason, en changeant notamment son nom. C'est "une folie", réplique M. Le Maire, autoproclamé "candidat du renouveau", qui veut "reconstruire" le parti. Pour M. Mariton, l'UMP doit devenir "un grand mouvement populaire à la fois libéral et conservateur".
- 2016 en ligne de mire -
Malgré ces disparités, leurs programmes ne diffèrent pas fondamentalement, notamment sur les questions économiques et sociales (recul de l'âge de la retraite, fin des 35 heures).
Idem sur l'immigration. Tous trois sont partisans d'une immigration choisie, diffèrent sur Schengen (durcissement pour Le Maire, refonte pour Sarkozy).
Les vraies différences entre les candidats, qui n'ont jamais débattu, Sarkozy y étant opposé, ce sont leur personnalité et leur objectif. Mariton et Le Maire (du moins son entourage) ne ménagent pas leurs critiques envers Sarkozy.
Le premier lui reproche son "ambiguïté" et sa "timidité" quand les Français attendent des "réformes courageuses". Selon un proche du second, "Sarkozy n'a pas une idée nouvelle, c'est stupéfiant de banalité".
L'ancien président continue de plaider pour "le rassemblement", d'exalter "l'autorité", "la République" et "la démocratie militante", en ignorant, ou feignant d'ignorer, ses deux concurrents, répétant que dans sa famille politique, il n'a "pas d'adversaires".
S'il gagnait largement, Nicolas Sarkozy pourrait se poser comme patron du premier parti d'opposition, titre revendiqué par le FN depuis sa victoire aux européennes, et s'arroger le bénéfice des victoires annoncées de la droite aux élections départementales et régionales de 2015.
Il pourrait plus facilement se frayer un chemin jusqu'à 2017, via la primaire de 2016 qu'il a promis de réinscrire dans les statuts de la nouvelle UMP.
Mariton, qui ne sera pas candidat à cette primaire, craint du coup de voir son parti "réduit à une machine servant des ambitions personnelles".
Quant à Bruno le Maire, il croit à son destin et laisse planer le doute. Tout dépend de son score. "Bruno sera incontournable", prédit-on dans son entourage.
Les deux principaux concurrents de Nicolas Sarkozy en 2016, Alain Juppé et François Fillon, s'en tiennent pour le moment à la stricte neutralité que leur impose leur fonction de coprésidents par interim de l'UMP (avec Jean-Pierre Raffarin).
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