Le président Barack Obama a entamé vendredi une série de déplacements à travers les Etats-Unis pour défendre son plan sur l'immigration qui a provoqué la colère de ses adversaires républicains, déterminés à lui barrer la route.
Au lendemain d'une allocution solennelle à la Maison Blanche au cours de laquelle il a présenté une série de mesures offrant un répit à quelque cinq millions de clandestins menacés d'expulsion, il s'est envolé pour Las Vegas (Nevada, ouest), où il devait prononcer dans l'après-midi un discours pour détailler plus avant ses projets pour réparer "un système cassé depuis des décennies".
"Le président va mettre tout son poids dans la balance pour défendre les mesures annoncées hier soir", a averti Dan Pfeiffer, un de ses proches conseillers. "Nous allons voyager à travers le pays, dans des Etats démocrates, dans des Etats républicains et dans des Etats indécis", a-t-il ajouté, soulignant que ce dossier serait "une priorité extrêmement importante" de l'année prochaine.
La réforme du système d'immigration était une des principales promesses de campagne de Barack Obama, en 2008 comme en 2012. "Notre voyage ne sera pas terminé tant que nous n'aurons pas trouvé une meilleure façon d'accueillir les immigrés pleins d'espoir qui voient les Etats-Unis comme le pays du possible", avait-il déclaré en janvier 2013, lors de son discours d'investiture pour un deuxième mandat.
Mais après une série de revers au Congrès vis-à-vis duquel il estime avoir fait preuve d'une "patience extraordinaire", M. Obama a choisi, à deux ans de la fin de son mandat, d'agir par décrets sans attendre le vote d'une hypothétique loi.
A partir du printemps, tout clandestin vivant depuis plus de cinq ans aux Etats-Unis et ayant un enfant américain ou titulaire d'un statut de résident permanent pourra demander un permis de travail de trois ans.
Par ailleurs, les conditions d'accès au programme Daca ("Deferred Action for Childhood Arrival"), lancé en 2012, qui offre des permis de séjour aux mineurs arrivés sur le territoire américain avant l'âge de 16 ans, seront assouplies. Quelque 600.000 personnes en ont déjà bénéficié à ce jour.
La moitié des clandestins présents aux Etats-Unis y résident depuis plus de 13 ans.
- 'Impact économique positif' -
L'organisation Human Rights Watch a salué une initiative "louable mais incomplète". "Le programme du président Obama visant à éviter à près de cinq millions d'immigrants et leurs familles d'être brisés par les expulsions est un coup porté à la cruauté arbitraire", a déclaré Antonio Ginatta, un des ses responsables. "Mais il reste indispensable d'arriver à une solution plus pérenne et complète".
Pour John Boehner, président de la Chambre des représentants, le président a "délibérément décidé de saboter toute chance d'aboutir à la réforme bipartisane qu'il appelle de ses voeux". Selon l'élu républicain, ces décisions "vont encourager plus de gens à venir ici de manière illégale". "Nous avons assisté à une crise humanitaire terrifiante à nos frontières l'été dernier. L'été prochain pourrait être pire", a-t-il ajouté.
Preuve du climat d'extrême défiance qui règne entre Capitol Hill et la Maison Blanche, M. Boehner a par ailleurs formalisé vendredi le lancement, annoncé de longue date, de poursuites judiciaires contre le président accusé d'être allé "au-delà de ses pouvoirs constitutionnels" dans la mise en place de sa réforme du système de santé.
Si M. Obama a insisté jeudi soir, dans un discours à la tonalité évoquant celle de la campagne de 2008, sur les valeurs - "Nous sommes et serons toujours une nation d'immigrants" - la Maison Blanche s'employait vendredi aussi à mettre en avant les bénéfices économiques des décisions annoncées.
"Nous avons 11 millions de personnes dans ce pays qui vivent dans l'ombre. Le président est convaincu qu'il faut les sortir de l'ombre, que cela aura un impact économique positif et que c'est une bonne chose pour la sécurité nationale", a souligné Josh Earnest, porte-parole de l'exécutif américain.
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