Après le Normand Maxime Hauchard, un autre jeune Français de 22 ans converti à l'islam, Mickaël Dos Santos, originaire de la région parisienne, a été identifié mercredi parmi les bourreaux du groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Né à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), d'origine portugaise mais naturalisé français en 2009, il a adopté le nom de guerre d'Abou Uthman. Dans le quartier où vit sa mère, au bord de la Marne, des voisins se souviennent d'un jeune discret, toujours vêtu d'une djellaba et d'un bonnet blancs.
Dans la vidéo diffusée dimanche par les jihadistes du groupe EI, mettant en scène la mise à mort par décapitation de 18 prisonniers syriens et de l'otage américain Peter Kassig, il apparaît le regard sombre, le bas du visage mangé par une barbe épaisse.
Le parquet de Paris a confirmé dans la soirée que des "indices précis et concordants" avaient permis de l'identifier.
Son nom était apparu à l'automne 2013 dans l'enquête sur le démantèlement d'une filière d'envoi de jihadistes vers la Syrie. Cette enquête s'était concentrée autour d'une mosquée de Villiers-sur-Marne, également dans le Val-de-Marne, fréquentée depuis 2009 par Dos Santos et des proches. Il avait rejoint la Syrie en août 2012.
Abou Uthman présentait un profil très inquiétant, notamment en raison d'images choquantes postées sur les réseaux sociaux, a-t-on expliqué de source proche du dossier. "L'homme concerné est connu par son engagement terroriste en Syrie et son comportement violent revendiqué sur les réseaux sociaux", avait auparavant déclaré, sans le nommer, le Premier ministre Manuel Valls.
- Radicalisé dès l'adolescence -
Selon une source du renseignement, les services sont remontés jusqu'à lui grâce à une vidéo diffusée mi-octobre sur internet dans laquelle, en français et à visage découvert, il appelait "tous les frères qui vivent en France" à "tuer n'importe quel civil" en représailles aux raids de l'armée française contre le groupe EI en Irak.
Paris a annoncé mercredi de nouvelles frappes et un renforcement de son dispositif.
La radicalisation de ce jeune avait été relevée dès 2009, lorsqu'il était en première, par l'encadrement de son lycée de Champigny. Converti à l'islam et prosélyte, il apparaît alors comme le leader d'un trio qui prie dans les couloirs. Une radicalisation notée par ses proches, notamment sa fréquentation de sites prônant le jihad.
Plusieurs membres de son entourage, originaires également du Val-de-Marne, département où ont déjà été démantelées plusieurs filières jihadistes, sont sans doute encore au Moyen-Orient.
Dès lundi, le parquet de Paris avait annoncé que Maxime Hauchard, lui aussi âgé de 22 ans, lui aussi converti et qui a rejoint la Syrie au même moment, apparaissait dans la vidéo de l'EI.
Une enquête a été ouverte pour assassinats en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste, visant ces deux Français potentiellement impliqués dans les décapitations.
Pour Jean-Charles Brisard, expert des questions liées au terrorisme, la présence de Français "parmi les bourreaux apparaissant à visage découvert" est "un message très clair adressé à la France et aux Français" par l'EI.
Parmi les 16 autres combattants à visage découvert sur la vidéo, aucun n'a jusqu'ici été formellement identifié.
L'EI, qui comprend des centaines de combattants étrangers dont un gros contingent de Français, s'est emparé de larges pans de territoire en Syrie et en Irak, où il sème la terreur.
Les services spécialisés sont depuis longtemps convaincus de la participation de Français à des atrocités commises par différents groupes jihadistes, et avaient déjà identifié au moins un cas avant cette dernière vidéo.
Plus de 1.100 Français sont impliqués dans les filières jihadistes, dont près de 380 sont actuellement en Syrie ou en Irak, selon les autorités. Une cinquantaine y ont déjà trouvé la mort.
Les convertis représentent 20% de ces jihadistes, recrutés, dans leur écrasante majorité, sur internet.
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