La justice se prononce jeudi sur la demande de François Fillon de récupérer l'enregistrement effectué par des journalistes du Monde dans lequel le secrétaire général de l'Elysée, Jean-Pierre Jouyet, le met en cause.
Dans cet enregistrement, M. Jouyet raconte aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme que l'ancien Premier ministre lui a demandé d'accélérer les procédures judiciaires contre Nicolas Sarkozy pour empêcher le retour de son rival, de "taper vite".
M. Fillon dément fermement avoir fait une telle démarche, accusant M. Jouyet de "mensonge". Alors que se déroulait l'audience vendredi, François Fillon a affirmé lors d'un meeting à Menton (Alpes-Maritimes) vouloir "tordre le cou à la rumeur infamante".
Le troisième homme présent au fameux déjeuner, Antoine Gosset-Grainville, a quant à lui défendu la version de M. Fillon, dont il fut le directeur de cabinet adjoint, à Matignon.
Devant le TGI de Paris, vendredi, où siégeait son président, Jean-Michel Hayat, la défense de M. Fillon a demandé en référé (procédure d'urgence) la copie intégrale de cet enregistrement ou, à défaut, que le tribunal puisse transcrire les passages concernant M. Fillon.
Pour la défense des journalistes, cette démarche est "vouée à l'échec" car elle se heurte aux dispositions de la loi sur la presse et porte atteinte au secret des sources. Elle relève selon eux avant tout d'une stratégie médiatique.
Mais selon l'avocat de François Fillon, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, cette demande ne s'inscrit pas dans la perspective de la procédure en diffamation, engagée lundi par son client contre M. Jouyet et les deux journalistes du Monde. Il souhaite pouvoir obtenir l'enregistrement, dans le cadre d'une procédure à venir au civil pour faute, car M. Fillon reproche aux journalistes d'avoir fait la promotion de leur livre à ses dépens.
Une argumentation qui n'a manifestement pas convaincu les avocats des journalistes du Monde.
- 'Déplacer le scandale' -
En faisant écouter à d'autres médias des extraits de l'enregistrement, les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont eux-mêmes "pulvérisé la source", avait plaidé Me Versini-Campinchi.
Selon lui, le revirement de M. Jouyet, qui après avoir démenti a reconnu avoir affirmé que l'ex-Premier ministre a bel et bien évoqué devant lui les affaires judiciaires visant l'ancien chef de l'Etat, est "la preuve évidente" que le secrétaire général de l'Elysée "s'est fait piéger" par les journalistes.
"Le secret des sources n'est pas destiné à protéger les journalistes, mais à protéger la source", avait renchéri sa consoeur Orly Rezlan, qui s'interroge sur le contexte dans lequel les propos de M. Jouyet ont été recueillis, s'ils ont été spontanés, s'il présentait les choses comme "une blague, comme une information de rien du tout".
Pour la défense de MM. Davet et Lhomme, Me Christophe Bigot avait estimé que M. Fillon cherchait à "instrumentaliser" le tribunal et à s'affranchir des règles de la loi sur la presse. Une loi selon laquelle les prévenus sont les seuls à pouvoir choisir les pièces pour leur défense.
Le secret des sources ne peut être rompu "qu'en cas d'impératif prépondérant d'intérêt public", a abondé son confrère Me François Saint-Pierre, soulignant que la demande d'une personne privée ne constituera jamais un tel impératif.
Jugeant la demande de François Fillon "à la limite de la procédure abusive", Me Marie Burguburu avait estimé que pour l'ancien Premier ministre, "il fallait déplacer le scandale", créer un "nuage de fumée et ce qui est incroyable, c'est que ça marche".
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