La "main de fer" promise par Israël a commencé à agir à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la Ville sainte où l'armée et la police ont pour la première fois depuis des années fait exploser l'appartement d'un "terroriste" palestinien au lendemain d'un attentat meurtrier.
Les services de sécurité israéliens ont fait sauter dans la nuit de mardi à mercredi le logement d'Abdelrahmane Shalodi dans une haute bâtisse du quartier populaire de Silwan à Jérusalem-Est, annexée et occupée par Israël, a indiqué une porte-parole de l'armée.
Le logement n'est plus qu'un trou béant rempli de gravats entre deux étages. Les charges disposées par les Israéliens ont soufflé les parois intérieures et extérieures, dont l'une s'est écrasée sur une voiture garée en contrebas.
"Où allons-nous aller maintenant. Nous n'avons plus de maison", se lamente sur place Nibras, une jeune soeur.
Les maisons d'autres auteurs d'attaques risquent de subir rapidement le même sort.
C'est la première fois depuis 2009 que les forces israéliennes mènent à Jérusalem même une telle opération perçue par les Palestiniens comme une insupportable punition collective mettant à la rue des familles entières, selon un avocat israélien spécialisé dans les affaires concernant Jérusalem.
Elles n'ont pas cessé de les conduire dans les Territoires occupés. Encore récemment, en août, elles ont rasé à Hébron (Cisjordanie) les maisons de deux hommes accusés d'avoir enlevé et tué trois adolescents juifs en juin.
- 'Une vague terroriste' -
Au sein des forces israéliennes elles-mêmes, on apprécie diversement l'effet de ces démolitions, jugées dissuasives par certains, contre-productives par d'autres, et en tout cas susceptibles d'ajouter à des tensions déjà très vives.
La démolition de l'appartement d'Abdelrahmane Shalodi, signalée par une puissante explosion vers quatre heures du matin, n'a pas suscité de heurts dans l'un des quartiers pourtant les plus agités de Jérusalem-Est ces derniers mois.
Devant une situation de plus en plus explosive, les autorités israéliennes ont voulu montrer qu'elles tiendraient l'engagement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de réagir avec une poigne de fer à la série d'attentats récents et à celui perpétré mardi dans une synagogue de Jérusalem-Ouest.
Deux cousins palestiniens, Oudaï et Ghassan Abou Jamal, armés de hachoirs et d'un pistolet, y ont tué quatre rabbins et un policier avant d'être abattus. C'est l'attaque la plus meurtrière depuis 2008 en Israël et la première contre un lieu de culte juif à Jérusalem depuis longtemps.
Elle est le point d'orgue d'une série d'attentats - "une vague terroriste s'abat sur Jérusalem", a dit le Premier ministre israélien - et de plusieurs mois de violences.
Abdelrahmane Shalodi est l'auteur de l'une de ces attaques qui font redouter un embrasement généralisé. Le 22 octobre, il a tué un bébé israélo-américain de trois mois et une Equatorienne de 22 ans en fonçant avec sa voiture sur des passagers descendant du tramway à la limite entre Jérusalem-Ouest et Jérusalem. L'acte délibéré ne fait aucun doute pour la police. La famille croit à un accident.
- Logistique minimale -
Abdelrahmane Shalodi a été abattu par un policier. Il incarne pour les spécialistes de la sécurité la menace représentée par des personnes agissant à titre individuel, mais capables de frapper les esprits avec une logistique minimale.
Un autre Palestinien a employé la même méthode pour faire deux autres morts exactement deux semaines plus tard à peu près au même endroit. Lui aussi a été abattu.
Depuis l'été, Jérusalem a été le théâtre de plusieurs attaques, mais aussi d'affrontements devenus quotidiens entre jeunes palestiniens et policiers israéliens.
L'exaspération des Palestiniens devant l'occupation, la poursuite de la colonisation israélienne, les arrestations par centaines depuis l'été ou le chômage est catalysée par l'inquiétude religieuse quant au statut de l'ultra-sensible esplanade des Mosquées.
L'esplanade est le troisième lieu saint de l'islam et le site le plus sacré du judaïsme. Les musulmans s'alarment de l'éventualité que le Premier ministre israélien, malgré ses dénégations répétées, ne cède aux pressions d'une minorité d'extrémistes juifs et ne les autorise à prier sur l'esplanade.
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