Le chef de la diplomatie allemande s'est déclaré mardi "pas optimiste" sur une sortie de crise en Ukraine face à une escalade "dangereuse" dans l'est séparatiste du pays où l'Otan a dénoncé un renforcement militaire russe "très grave".
"Il n'y a pas de fondement pour l'optimisme dans la situation actuelle", a déclaré M. Steinmeier, lors d'une conférence de presse avec son homologue russe Sergueï Lavrov à Moscou, après une visite à Kiev.
Il a, dans ce contexte, appelé à surtout ne pas abandonner l'accord de Minsk du 5 septembre sur un cessez-le-feu en Ukraine, qui devient de plus en plus moribond.
"Même s'il y a des raisons de se dire que les obligations les plus importantes n'ont pas été remplies, l'abandon de ce document serait toutefois une grande perte", a souligné M. Steinmeier.
"Nous devons maintenant faire un effort, même s'il s'agit d'un effort immense, de donner une nouvelle impulsion" aux négociations visant à trouver un règlement du conflit ukrainien, a-t-il ajouté.
Les accords de Minsk signés en septembre entre Ukrainiens et séparatistes prorusses avec la participation de la Russie et de l'OSCE avaient permis la mise en place d'un cessez-le-feu désormais quotidiennement bafoué.
"Les accords de Minsk ne sont pas parfaits, mais c'est la seule chose qui a été soutenue par tous les acteurs clé: l'Union européenne, les Etats-Unis, les parties du conflit ukrainien et la Russie", a déclaré pour sa part M. Lavrov.
"Si nous sommes sincères, faisons respecter ces accords", a-t-il lancé, en soulignant que "la tâche la plus importante actuellement est la poursuite d'un dialogue direct stable" entre Kiev et les rebelles prorusses.
Au cours de sa visite à Kiev, M. Steinmeier avait estimé pour sa part, après une rencontre avec le président ukrainien Petro Porochenko, que la situation dans l'Est était "dangereuse" et ne faisait que "s'aggraver".
La visite de M. Steinmeier intervient en effet sur fond de craintes d'une "guerre totale" dans l'Est séparatiste prorusse où les violences ne connaissent pas de répit.
- La Russie menacée d'isolement -
Au même moment à Bruxelles, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a accusé la Russie de "continuer de déstabiliser l'Ukraine".
"La Russie a le choix: la Russie peut soit participer à une solution de paix négociée ou elle peut continuer sur le chemin qui mènera à son isolement", a-t-il mis en garde au début d'une réunion avec les ministres européens de la Défense.
"Nous voyons des mouvements de troupes, d'équipements, de tanks, d'artillerie et aussi de systèmes de défense anti-aérienne modernes", a détaillé M. Stoltenberg. "C'est un renforcement militaire très grave () à la fois en Ukraine et sur le côté russe de la frontière".
Les accusations de déploiement massif russe avancées depuis plus d'une semaine par Kiev et les Occidentaux sont qualifiées d'"élucubrations" par la diplomatie russe.
Les autorités ukrainiennes disent pourtant se préparer au "pire scénario" dans le conflit qui a déjà fait plus de 4.100 morts depuis la mi-avril.
- Négocier en "terrain neutre" -
Après l'accueil glacial réservé à Vladimir Poutine le week-end dernier lors du sommet du G20 en Australie, M. Lavrov a tout de même déclaré mardi à Minsk espérer que les relations de la Russie avec l'Union européenne n'ont pas atteint un point de "non-retour".
Il a également pressé les autorités ukrainiennes de s'engager dans des négociations avec les rebelles.
Une option inacceptable pour Kiev qui les qualifie de "terroristes" aux ordres de Moscou.
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