Si la grève des avocats n'entraîne pas son renvoi, le procès en appel de Tony Meilhon pour le meurtre de Lætitia Perrais en 2011 en Loire-Atlantique est une nouvelle chance d'accéder enfin à la vérité que l'accusé s'est, jusqu'ici, refusé à livrer complètement.
Les bâtonniers de Nantes et Saint-Nazaire dont relèvent les avocats du procès d'appel viendront en personne demander le renvoi du procès mardi à Rennes, dans le cadre d'un mouvement de protestation nationale contre le projet de réforme des professions réglementées.
De plus, l'avocat de Tony Meilhon Fathi Benbrahim a indiqué à l'AFP lundi soir son intention de faire grève.
Un énième rebondissement dans la ligne de cette affaire hors norme qui avait déjà donné lieu, en 2011, à une grève historique des magistrats mis en cause par Nicolas Sarkozy dans le suivi de Tony Meihon.
Et un nouveau délai avant, peut-être, d'accéder à la vérité lorsque le procès en appel aura lieu.
En dépit d'une enquête très poussée en termes de moyens humains et matériels, qui a permis de retrouver l'intégralité du corps démembré de Lætitia Perrais, pourtant dissimulé dans deux étangs distants de plusieurs dizaines de kilomètres, des zones d'ombres subsistent.
Aucune scène de crime à proprement parler n'a pu être caractérisée malgré l'acharnement des enquêteurs. De même que n'a pu être établi si le meurtre avait été précédé d'un viol.
Le 19 janvier 2011 peu après minuit, Lætitia Perrais, 18 ans, est vue pour la dernière fois en vie, quittant sur son scooter la Bernerie-en-Retz (Loire-Atlantique) à l'issue d'une soirée passée avec Tony Meilhon qu'elle avait rencontré la veille.
Son deux-roues accidenté est retrouvé le lendemain matin par sa s?ur jumelle, Jessica, à quelques dizaines de mètres de leur domicile à Pornic.
Puis, rapidement ciblé par l'enquête de voisinage et les témoignages, Tony Meilhon est interpellé par le GIGN le 20 janvier à l'aube.
Un peu plus de 24h se sont écoulées au cours desquelles, s'il est établi que Tony Meilhon a tué Lætitia, l'heure exacte du décès, son lieu, et la possibilité qu'il ait bénéficié, ou non, d'une complicité, n'ont pu être établis avec certitude.
- Zone d'ombre -
Une zone d'ombre dont Tony Meilhon a joué avec délectation, et parfois perversité, lors de son premier procès en mai/juin 2013. Tout en proclamant assumer "toutes les responsabilités" de la mort de Lætitia Perrais, Tony Meilhon a affirmé l'avoir étranglée et poignardée alors qu'il croyait l'avoir déjà tuée accidentellement en la percutant avec sa voiture, tandis qu'elle était en scooter. Selon lui, le but de cet acharnement sur le cadavre était de maquiller en crime crapuleux un simple accident mortel.
Il a en outre affirmé avoir eu l'aide d'un complice, un "Monsieur X", pour le démembrement du corps.
Une thèse servie avec d'autant moins d'efficacité que Tony Meilhon a alterné les attitudes de remords, allant jusqu'à réclamer "la perpétuité" pour ses actes, avec des saillies ironiques à l'adresse de la cour ou des avocats.
Maladroit souvent, il a aussi fait montre d'une volonté de tout contrôler, du déroulement du procès au verdict. Une attitude qui a accentué son caractère inquiétant, manipulateur.
Servi par la gravité de son crime, et par sa médiatisation accentuée par les intrusions politiques répétées de Nicolas Sarkozy, alors président de la République, dans l'enquête initiale, Tony Meilhon a semblé, jouir de cette notoriété macabre et du pouvoir que lui donnait le fait d'être seul à connaître le déroulement exact du meurtre.
A l'issue de son premier procès devant la cour d'assises de Loire-Atlantique, Tony Meilhon a été condamné à la prison à perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans. Une peine assortie d'une possible "rétention de sûreté" s'il était jugé encore dangereux au terme de sa détention.
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