Le nouveau chef de l'Etat intérimaire du Burkina Faso, le diplomate Michel Kafando, désigné lundi, prêtera serment mardi et entrera en fonction vendredi, tournant ainsi la page du régime militaire qui a dirigé le pays pendant seize jours après la chute de Blaise Compaoré.
Après une nuit de tractations à Ouagadougou, le nouveau président intérimaire, âgé de 72 ans, a à peine cillé à l'annonce de sa nomination annoncée au petit matin en présence des deux autres candidats retenus par le "collège de désignation", l'ex-ministre de Thomas Sankara, Joséphine Ouédraogo et le journaliste Cherif Sy.
Distingué et réservé, M. Kafando, un homme de grande taille aux cheveux légèrement grisonnants, a rapidement pris la parole pour prendre acte de sa nouvelle situation.
"Plus qu'un honneur, c'est une redoutable responsabilité qui m?échoit, dont j'entrevois déjà les écueils et l'immensité de la tâche", a-t-il dit. "J'ai naturellement accepté comme chaque fois lorsque que j'ai été sollicité par le devoir".
L'Union africaine - qui avait lancé un ultimatum le 3 novembre au régime militaire, lui demandant de valider sous quinze jours ses institutions de transition et de choisir un président intérimaire - a salué lundi le choix d'une "personnalité civile" comme chef intérimaire, signe de la "maturité politique" et du "sens des responsabilité" des Burkinabè.
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), dont fait partie le Burkina, a également salué le retour à un régime de transition civil.
"Ces actes démontrent une fois encore, la volonté du Peuple burkinabè, de ses Forces vives et de ses Forces de défense et de sécurité de privilégier l?intérêt supérieur de la nation", a estimé le président ghanéen John Dramani Mahama, qui a participé à la médiation internationale dans la crise en tant que président en exercice de la Cédéao.
Figure de la diplomatie burkinabè, Michel Kafando a été ambassadeur de la Haute-Volta (l'ancien nom du pays) puis du Burkina Faso auprès des Nations unies, respectivement en 1981-1982 et 1998-2011. Il a été choisi par un collège de civils et de militaires après une nuit de discussions.
M. Kafando a également été ministre des Affaires étrangères dans plusieurs gouvernements, entre 1982 et 1983.
Sa désignation doit encore être actée par le Conseil constitutionnel.
La transition militaire durera donc trois courtes semaines, le lieutenant-colonel Zida gardant la charge du pays jusqu'à vendredi, alors que nombre de Burkinabè craignaient un coup d'Etat de l'armée son maintien au pouvoir.
La France, ancienne puissance coloniale et premier soutien international de ce pays sahélien pauvre de 17 millions d'habitants, a également salué la transition.
"La France se tient aux côtés du Burkina Faso durant cette période clé de son histoire", a déclaré le chef de l'Etat François Hollande, qui a félicité Michel Kafando, selon un communiqué de la présidence française.
- 'Corruption et impunité' -
Le chef de file de l'opposition à l'ex-président Blaise Compaoré, Zéphirin Diabré, l'un des 23 membres du conseil de désignation composée de militaires et de civils, a salué l'arrivée de M. Kafando.
"Son programme, c'est exactement ce que les gens attendent parce que ça allait droit sur les problèmes de corruption et d'impunité", a-t-il déclaré. "Il est extraordinairement en phase avec les attentes de la révolution".
Des étudiants étaient d'un autre avis lundi.
"Pourquoi chasser le président Compaoré si c?est pour le remplacer par son sbire?", s'interrogeait Jérôme Oubda, 33 ans, étudiant en communication. "Désigner M. Kafando, c'est perpétuer le règne du parti majoritaire et de Blaise Compaoré", chassé par une insurrection populaire après 27 ans de règne et réfugié en Côté d'Ivoire.
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