Les Européens ont décidé lundi d'élargir la liste des personnes sanctionnées pour leur implication dans le conflit en Ukraine, alors que Moscou confirmait la tension avec les Occidentaux en annonçant l'expulsion de diplomates polonais.
Les ministres européens des Affaires étrangères, réunis à Bruxelles, ont demandé au service diplomatique de l'UE de "proposer de nouvelles inscriptions sur la liste, en visant des séparatistes". Une décision doit être prise "d'ici la fin du mois", a indiqué une source européenne. La nouvelle liste ne devrait donc pas comprendre des responsables russes.
A ce jour, 119 personnes, des séparatistes mais aussi des Russes -politiques, oligarques et proches de Vladimir Poutine-, sont visées par un gel de leurs avoirs et une interdiction de visa pour l'UE.
Un peu plus tôt, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavlo Klimkine, présent à Bruxelles, avait appelé l'UE à adresser un message de fermeté à la Russie. "Il est temps de formuler un message clair envers Moscou disant que toute nouvelle déstabilisation en Ukraine déclenchera des mesures supplémentaires de l'UE", a déclaré M. Klimkine à l'AFP. Il a ajouté que Kiev espérait participer à une rencontre de haut niveau avec la Russie "cette semaine" sous l'égide de l'UE pour faire revivre le cessez-le-feu conclu à Minsk en septembre.
Depuis quelques semaines, les combats ont redoublé d'intensité dans l'Est séparatiste, et Kiev accuse la Russie d'envoyer des troupes de combat et du matériel militaire en renfort aux rebelles, ce que l'Otan et l'OSCE ont confirmé.
ais Moscou nie catégoriquement, le président Vladimir Poutine affirmant que les rebelles se procurent des armes par eux-mêmes. "Les gens qui mènent une lutte et qui jugent cette lutte légitime () trouveront toujours des armes", a-t-il dit dans une interview à la chaîne de télévision allemande ARD.
Ces dernières 24 heures, six soldats et trois policiers ukrainiens ont été tués dans l'Est de l'Ukraine, selon les autorités.
Dans ce contexte très tendu, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont débattu lundi de leur "stratégie" vis-à-vis de l'Ukraine et de la Russie. L'UE, qui s'en tient aux sanctions individuelles et n'envisage pas à ce stade de durcir ses sanctions économiques, veut tendre la main au président russe afin de le ramener à la table des négociations.
"Les sanctions ne sont pas un objectif en soi. Elles peuvent être un instrument si elles viennent avec d'autres" solutions, a expliqué la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. "Il faut maintenir la pression, mais aussi parler" avec M. Poutine, "aussi difficile que cela soit", a résumé le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders.
- Poutine 'ne l'emportera pas' -
L'UE a déjà lourdement sanctionné la Russie pour son implication dans le conflit, interdisant notamment à des banques et entreprises du secteur de la défense et du pétrole, dont le géant Rosneft, de se financer en Europe. Ces mesures, prises en juillet et septembre, ont contribué aux difficultés de l'économie russe, mais elles n'ont en rien infléchi l'attitude de M. Poutine.
La réunion des 28 a lieu au lendemain d'un G20 où les Occidentaux ont durement critiqué le président russe Vladimir Poutine, et le jour où Moscou a annoncé l'expulsion pour espionnage de diplomates polonais. Lundi, la presse russe estimait que le G20 avait creusé le fossé entre la Russie et l'Occident.
Le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé que "plusieurs diplomates polonais" avaient "déjà quitté le territoire" russe "en raison d'activités incompatibles avec leur statut", un terme faisant généralement référence à des activités d'espionnage. Moscou n'a précisé ni la date ni le nombre de personnes expulsées.
La diplomatie polonaise a semblé vouloir calmer le jeu annonçant qu'il s'agissait d'une "réponse symétrique" à une mesure analogue de Varsovie. "Pour nous, cette affaire est close", a dit le chef de la diplomatie polonaise Grzegorz Schetyna. Selon l'agence PAP, les diplomates expulsés seraient au nombre de quatre.
Moscou a aussi confirmé l'expulsion d'un diplomate allemand en réponse à des "actes inamicaux" de Berlin, a rapporté l'agence publique Ria Novosti.
"Qui aurait cru que 25 ans après la fin de la guerre froide, après la fin de la division de l'Europe () une telle chose pouvait se passer au c?ur même de l'Europe", a lancé la chancelière allemande, Angela Merkel, lors d'un discours à Sydney. Elle s'est dit "convaincue" que le Kremlin "ne l'emportera pas".
En Ukraine, le président ukrainien Petro Porochenko s'est dit prêt à "un scénario de guerre totale" et l'armée affirme que rebelles et troupes russes "se préparent à une offensive".
Parallèlement, l'évacuation des débris de l'avion de Malaysia Airlines, abattu en juillet faisant 298 morts, devait se poursuivre lundi. Des fragments du Boeing doivent être envoyés aux Pays-Bas -qui ont payé le plus lourd tribut avec 193 victimes- pour être expertisés.
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