Un jeune Normand a participé "directement" à la décapitation de prisonniers syriens par le groupe Etat islamique (EI), mettant en lumière l'engagement des Français en Syrie où ils représentent l'un des plus gros contingents d'Européens.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a affirmé lundi qu'il existait "une très forte probabilité qu'un ressortissant français ait pu participer directement" à la décapitation d'au moins 18 prisonniers syriens, montrée dans une vidéo du groupe jihadiste diffusée dimanche.
Le parquet de Paris a assuré que "des indices circonstanciés confirment l'implication d'un Français" dans cette exécution.
Sur ces images, le groupe revendique aussi la décapitation de l'otage américain Peter Kassig.
Ce Français pourrait être Maxime Hauchard, originaire de l'Eure "et parti en Syrie en août 2013, après un séjour en Mauritanie fin 2012", a avancé M. Cazeneuve. Le jeune homme de 22 ans est visé depuis août dernier par une enquête préliminaire pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, a-t-on appris de source judiciaire.
Dans la vidéo, on voit un jihadiste jeune et barbu, ressemblant fort à Maxime Hauchard, vêtu comme ses compagnons d'un treillis camouflage. Au milieu d'une file, il conduit de la main gauche un prisonnier avant de saisir un couteau de commando.
Les prisonniers sont alignés à genoux, un jihadiste derrière chacun d'entre eux. L'homme ressemblant à Maxime Hauchard porte un couteau dans la main droite et pose la gauche sur le col du prisonnier. On ne le voit pas exécuter l'otage, mais on distingue ensuite la tête de la victime détachée de son corps.
Le ministre a confirmé qu'il pourrait bien s'agir de l'homme qui a témoigné mi-juillet sur BFMTV à visage découvert via Skype depuis Raqqa, fief du groupe EI en Syrie. Maxime Hauchard y raconte être parti en Syrie depuis Paris via Istanbul, après avoir acheté un billet "pas cher", sans prendre soin de se "cacher".
- Un deuxième Français? -
Converti à 17 ans à l'islam, il explique s'être radicalisé avec des vidéos sur internet, affirme être parti seul, puis avoir été rapidement pris en charge en Syrie. "Pour faire allégeance, il faut d'abord aller au camp d'entraînement, () un premier stage, c'est à peu près un mois. On fait l'entraînement, on part en opérations et après on retourne à l'entraînement. C'est pas que de la théorie", déclare-t-il.
Il affirme vivre dans une caserne, abritant une quarantaine de combattants "principalement des Arabes", des Égyptiens, des Marocains, des Algériens, mais aussi des Français. "L'objectif personnel de chacun ici, c'est le chahid (celui qui tombe en martyr, ndlr). C'est la plus grande récompense", assure-t-il.
Les services spécialisés s'attachent à vérifier l'éventuelle présence d'un second Français sur la vidéo diffusée dimanche par l'EI. "Il y a des vérifications en cours", selon une source proche du dossier.
Ils sont convaincus de la participation de Français à des atrocités commises par différents groupes jihadistes. Comme cet homme actuellement détenu, qui a confessé après son retour en France avoir pris part à des exactions en Syrie, selon une autre source proche du dossier.
Un millier de Français sont actuellement impliqués dans le jihad en Syrie et environ 375 d'entre eux sont actuellement présents en Syrie et en Irak, faisant d'eux l'un des plus importants contingents occidentaux. Au moins 36 Français y ont déjà trouvé la mort.
Loin des caricatures, ces jihadistes ne sont pas forcément des jeunes fragilisés socialement, mais sont majoritairement issus de classes moyennes, selon une étude du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI). Et à l'image de Maxime Hauchard, ils sont recrutés à 91% sur internet.
Au total, quelque 3.000 ressortissants européens étaient partis fin septembre faire le jihad, selon le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove.
Bernard Cazeneuve a appelé lundi les jeunes Français, "qui sont la cible privilégiée de la propagande terroriste, à ouvrir les yeux sur la terrible réalité des actions de Daesh et de ses groupes affiliés", les qualifiant de "prêcheurs de haine" qui "érigent en système la barbarie".
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