Sitôt la page du G20 de Brisbane tournée, François Hollande a enchaîné dimanche avec sa toute première visite en Nouvelle Calédonie où il entend porter un message d'apaisement dans la perspective du référendum d'autodétermination qui doit se tenir d'ici à 2018.
Dès son arrivée sur le Caillou, le chef de l'Etat a souligné sa volonté de faire de cette consultation un "succès". "Ce sont les Calédoniens qui auront le dernier mot", a-t-il dit.
Pour exprimer la neutralité de l'Etat dans le vif débat qui oppose indépendantistes kanaks et loyalistes "caldoches", François Hollande entamera lundi, après une nuit à la résidence du Haut-commissaire de la République, son périple par quelques étapes hautement symboliques.
Il ira ainsi se recueillir successivement sur les tombes de Jacques Lafleur, ancien leader "caldoche" décédé en 2010, et de Jean-Marie Tjibaou, dirigeant kanak assassiné en 1989. Les deux hommes avaient scellé la réconciliation entre leurs communautés, signant en 1988, sous l'égide du Premier ministre d'alors, Michel Rocard, les accords de Matignon qui avaient mis fin à plusieurs années d'affrontements parfois sanglants.
Au travers du référendum d'autodétermination, la France espère réussir pour la première fois de son histoire un processus de décolonisation par l'accompagnement plutôt que par la rupture.
François Hollande inaugurera ensuite l'usine de traitement du nickel KNS de Voh, dans la province nord, l'occasion d'évoquer le second message de cette visite, le développement économique de l'archipel.
L'usine qui doit produire à terme 60.000 tonnes de nickel par an représente un investissement colossal de quelque 7 milliards de dollars. Mais ce site industriel est aussi un élément clef du rééquilibrage économique entre la province du sud, la plus développée, dominée par des populations d'origine européenne, et celle du nord, gérée par les indépendantistes.
- Consensus pour l'heure introuvable -
François Hollande visitera également le domaine touristique de Gouaro-Deva pour y rencontrer des jeunes issus des diverses communautés.
Autre temps fort de la journée: le discours qu'il prononcera au siège de la Communauté du Pacifique qui réunit 26 Etats ou territoires de la région. François Hollande y évoquera le réchauffement climatique alors que plusieurs îles sont déjà confrontées à une montée des eaux et que la France s'apprête à accueillir fin 2015 une conférence mondiale décisive sur le climat.
Accompagné du chef de la diplomatie Laurent Fabius et de la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, il achèvera ce périple en s'adressant aux élus locaux au Centre culturel Tjibaou de Nouméa, dernier des grands travaux de François Mitterrand.
Dans la perspective du référendum d'autodétermination, des discussions sont en cours entre l'Etat et les deux grandes familles politiques de l'archipel sur la stratégie industrielle du nickel, la poursuite des transferts de compétences entre l'Etat et les institutions politiques locales ou le corps électoral. Mais sur tous ces sujets, le consensus est pour le moment introuvable, en raison des divisions qui minent la scène politique locale.
La droite -29 élus sur 54 au Congrès- est éclatée en trois pôles dont l'un organise une manifestation à Nouméa à l'occasion de cette visite présidentielle avec un mot-d'ordre: "Restons Français".
Dans les rangs du FLNKS, les tensions sont également très vives.
Après une seconde nuit à Nouméa, le chef de l'Etat regagnera l'Australie mardi matin pour une visite d'Etat inédite à Sydney et Canberra, vingt ans après la crise aiguë provoquée par la dernière campagne d'essais nucléaires français dans le Pacifique sud. Ce sera la dernière étape de cette tournée marathon aux antipodes qui l'aura tenu éloigné toute une semaine de la métropole.
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