Le départ anticipé du président russe Vladimir Poutine du sommet du G20 à Brisbane, après un accueil glacial des dirigeants occidentaux, laisse présager un durcissement des positions de Moscou, estiment des experts.
Dès l'ouverture du sommet vendredi, les puissances occidentales avaient largement attaqué la Russie, qualifiée de "menace pour le monde", cherchant à "restaurer la gloire perdue du tsarisme" en "agressant" des pays plus petits, faisant allusion à l'Ukraine.
L'homme fort du Kremlin a également fait les frais de la presse australienne, le tabloïd The Courier-Mail n'hésitant pas à lui décerner le titre de "mouton noir de la famille du G20".
"Au sommet du G20, les hôtes australiens ont tenté d'humilier Vladimir Poutine de toutes les manières imaginables", a réagi le magazine russe pro-Kremlin Expert.
Et après deux journées de discussions marquées par des attaques de plusieurs dirigeants occidentaux fustigeant "l'agression" de la Russie en Ukraine, le chef du Kremlin a finalement quitté le sommet de Brisbane bien avant ses homologues et avant la publication du communiqué final.
D'ordinaire prompt à afficher sa bonne forme physique, il a expliqué avoir besoin de sommeil alors que deux longs vols doivent le ramener en Russie.
Ni Vladimir Poutine, ni les pays occidentaux ne s'attendaient vraiment à un compromis sur l'Ukraine, où le conflit entre rebelles prorusses et armée ukrainienne a abouti aux pires tensions entre l'Est et l'Ouest depuis la fin de Guerre froide.
L'Otan a confirmé cette semaine les affirmations de Kiev accusant la Russie d'avoir déployé des troupes et des équipements militaires russes dans l'est de l'Ukraine contrôlé par des rebelles prorusses, ce que Moscou a farouchement démenti.
Mais peu s'attendaient néanmoins à un tel niveau de tension.
- Radicalisation des positions -
Poutine, un paria de la communauté internationale? La réponse est "oui" pour Lilia Chevtsova, experte à la Brookings Institution, qui estime qu'en s'ancrant dans le temps, la confrontation entre Moscou et l'Occident rend la Russie de plus en plus dépendante de la Chine.
"Les sommets de l'APEC à Pékin et du G20 à Brisbane ont confirmé que M. Poutine était devenu un paria. Un paria dépendant. La politique mondiale ne connaît pas une combinaison plus explosive", assure-t-elle sur son compte Facebook.
Et pour l'expert Fiodor Loukianov, président du Conseil pour la politique étrangère et de défense, il faut s'attendre, en réaction, à un durcissement de la position russe.
"Nous assistons à une radicalisation des positions de certains pays occidentaux, avant tout de l'Amérique du Nord et de l'Australie, hôte du sommet", estime l'expert interrogé à la radio russe.
"Il n'y a aucune volonté de leur part d'adoucir leurs positions, et cela déborde dans la sphère publique. En conséquence, la réaction de la Russie est prévisible : elle va également durcir sa position", assure-t-il.
Un avis partagé par l'analyste Stanislav Belkovski, de l'Institut de la stratégie nationale. "Si M. Poutine quitte le sommet irrité, nous pouvons sans doute nous attendre à une intensification des combats en Ukraine", estime-t-il.
Le départ anticipé de Vladimir Poutine peut aussi être lu comme un message envoyé à son opinion publique.
"Tous ses gestes sont destinés à ses soutiens en Russie" qui, selon l'analyste russe Konstantin Kalachev, approuveront son attitude à Brisbane, en se demandant : "Pourquoi le dirigeant national de la Russie doit-il parler à cet Occident décadent?".
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