Les puissances occidentales ont harcelé Vladimir Poutine pendant le G20 de Brisbane sur la crise ukrainienne, voulant lui signifier qu'ils n'entendaient rien lâcher, et éclipsant du coup les questions économiques.
"Je pense que ce qui a été bon durant ce G20, c'est qu'un message très clair ait été transmis par les pays de l'Union européenne et par l'Amérique à la Russie", a commenté à l'issue des deux jours de sommet le Premier ministre britannique David Cameron.
De fait, dès vendredi, avant même l'arrivée de M. Poutine dans la paisible ville de l'est australien transformée en camp retranché, les leaders anglo-saxons lui avaient préparé un accueil saignant, l'accusant d'être un agresseur de l'Ukraine ou encore de vouloir restaurer la "gloire perdue du tsarisme", selon la formule du Premier ministre australien Tony Abbott.
Et cela a continué samedi et dimanche pendant le sommet, parfois même de manière très directe, comme par exemple lorsque le canadien Stephen Harper a lancé à M. Poutine: "J'imagine que je vais vous serrer la main, mais je n'ai qu'une seule chose à vous dire: vous devez sortir d'Ukraine", selon un porte-parole canadien.
Ce à quoi M. Poutine a répliqué: "C'est impossible puisque les Russes n'y sont pas", selon un porte-parole russe.
L'Otan a confirmé cette semaine les affirmations de Kiev accusant la Russie d'avoir déployé des troupes et des équipements militaires russes dans l'est de l'Ukraine contrôlé par des rebelles prorusses, ce que Moscou a farouchement nié. Le conflit a fait plus de 4.000 mots depuis la mi-avril.
A l'issue du sommet, Barack Obama a estimé que si M. Poutine "continue (?) à violer le droit international (), l'isolement que la Russie connaît actuellement se poursuivra".
Dès avant le sommet, M. Poutine avait senti souffler ce vent de guerre froide, mettant en garde vendredi contre une confrontation de "blocs" au G20. Sur place, il est resté hiératique.
Mais il a tout de même quitté prématurément le sommet, ce qui pourrait être vu comme une manière de signifier son agacement, même s'il a justifié son départ par un besoin de sommeil réparateur avant de reprendre le travail lundi.
L'Iliouchine présidentiel russe a décollé aux alentours de 14H15 (04H15 GMT), peu avant la publication du communiqué final du sommet, et Vladimir Poutine a grillé la politesse à M. Abbott qui n'avait pas encore débuté sa conférence de presse de clôture.
- Posture française -
Dans cette bronca infligée à la Russie, certains pays européens n'ont toutefois pas publiquement pris de positions aussi agressives que celles des Anglo-saxons. Angela Merkel ou François Hollande, par exemple, n'ont pas eu de formule cinglante pour leur imposant voisin russe.
"Nous nous efforçons tous de mettre en ?uvre tout ce qui est possible diplomatiquement pour obtenir des améliorations" a commenté samedi soir Mme Merkel à l'issue d'un tête-à-tête avec M. Poutine.
"La France est dans une double attitude, de fermeté quand il y a des manquements au droit international (), et dans une attitude de dialogue", a expliqué M. Hollande dimanche, expliquant vouloir être "au service de la résolution du confit et pas de son aggravation".
Mais, "s'il n'y a pas de gestes, de signaux (), alors, la France aura à prendre de nouvelles décisions, mais ce n'est pas son intention", a commenté M. Hollande. Paris est en litige avec Moscou sur la livraison de navires de guerre Mistral, qu'il a suspendue à cause de l'Ukraine.
Du coup, comme souvent dans ce genre de réunions, les intenses réflexions économiques ont été quelque peu reléguées à l'arrière-plan.
"En tant que vétéran du G20, je peux vous dire que c'est toujours comme cela", a réagi la directrice générale du FMI, Christinte Lagarde, lors d'une conférence de presse dimanche.
Lors du dernier sommet du G20 de Saint-Pétersbourg en Russie, en 2013, une bonne partie des débats avait été accaparée par la guerre en Syrie.
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