Sous le feu nourri de vives critiques des pays anglo-saxons concernant l'action de la Russie dans la crise ukrainienne, Vladimir Poutine a exprimé samedi l'intention d'écourter sa présence au sommet du G20 de Brisbane, plombé par une ambiance de guerre froide.
"Le programme pour la deuxième journée (pour M. Poutine) a changé. Il a été raccourci", a déclaré à l'AFP une source au sein de la délégation russe sous couvert d'anonymat, faisant allusion à la journée de dimanche.
Le président russe participera aux réunions du sommet, mais ne sera pas présent à un déjeuner officiel prévu à 12H30 (02H30 GMT) et parlera devant la presse plus tôt que prévu. "Ce déjeuner est plus une sorte de divertissement", a justifié cette source.
Le Kremlin a aussi relativisé le mouvement de mauvaise humeur supposé de M. Poutine en assurant peu après que "personne ne fait pression". "Le sommet du G20 sera achevé demain (dimanche). Poutine va sûrement le quitter, quand tout le travail sera terminé le président partira", a déclaré à la radio russe son porte-parole, Dmitri Peskov.
Dans un communiqué, le Kremlin a par ailleurs souligné que M. Poutine avait eu "des discussions assez longues et détaillées" avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
"Il est évident que ces tensions géopolitiques, y compris la relation avec la Russie, ne sont pas vraiment favorables à la croissance (économique). Nous nous efforçons tous de mettre en ?uvre tout ce qui est possible diplomatiquement pour obtenir des améliorations", a déclaré de son côté Mme Merkel à des journalistes à Brisbane.
Depuis vendredi, veille de l'ouverture du sommet dans cette ville de l'Est de l'Australie, les pays anglo-saxons ont multiplié les charges en règle contre la Russie et son rôle dans la crise ukrainienne.
"Menace pour le monde", quête de "gloire perdue du tsarisme", agresseur de pays plus petits : Etats-Unis, Australie et Grande-Bretagne n'ont pas mâché leurs mots.
Selon des informations de la presse canadienne, le Premier ministre Stephen Harper a même attaqué frontalement M. Poutine lors de leur première rencontre samedi matin : "J'imagine que je vais vous serrer la main, mais je n'ai qu'une seule chose à vous dire : vous devez sortir d'Ukraine".
L'Otan a confirmé cette semaine les affirmations de Kiev accusant la Russie d'avoir déployé des troupes et équipements militaires russes dans l'est de l'Ukraine contrôlé par des rebelles prorusses, ce que Moscou a farouchement nié.
- Entretiens en tête à tête -
L'intention de M. Poutine d'écourter son séjour n'était pas immédiatement commentée par les diverses délégations interrogées par l'AFP, dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Australie et la France.
M. Poutine avait rencontré auparavant en tête à tête certains membres du groupe des pays les plus riches du monde, dont son adversaire David Cameron, et François Hollande.
Avec le premier, il a échangé une poignée de mains devant la presse mais ils n'ont pas commencé à parler publiquement, préférant un entretien à huis clos en marge du sommet, signe d'une grande tension selon les médias russes.
Un porte-parole du Kremlin a déclaré à l'issue de cette rencontre que les deux hommes avaient exprimé "un intérêt pour le rétablissement des liens (entre la Russie et l'Ouest) et l'adoption de mesures efficaces pour régler la crise ukrainienne, ce qui facilitera l'abandon de sentiments conflictuels".
Les médias britanniques ont quant à eux cité une source proche de Downing Street affirmant que M. Cameron "a été clair". Soit l'accord de Minsk du 5 septembre sur un cessez-le-feu est appliqué et cela améliorera les relations. "Ou bien nous pouvons voir les choses d'une manière très différente en termes de relations entre la Russie et le Royaume-Uni, l'Europe et les Etats-Unis".
La Grande-Bretagne avait déjà menacé vendredi la Russie de nouvelles sanctions internationales.
En revanche, avec François Hollande, les deux hommes ont commencé à dialoguer devant les journalistes, appelant à l'apaisement, alors que Paris et Moscou sont en litige sur la livraison à la Russie, suspendue par la France, de navires de guerre Mistral.
"Il faut faire tout notre possible pour minimiser les risques et les conséquences négatives pour nos relations bilatérales", a déclaré Vladimir Poutine dans ses premiers échanges avec M. Hollande.
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