Trente-quatre ans après les faits, l'auteur présumé de l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, le Libano-Canadien Hassan Diab, a été mis en examen et écroué samedi en France dans la foulée de son extradition du Canada.
L'attentat perpétré le 3 octobre 1980, à deux pas des Champs-Elysées, avait fait quatre morts et une quarantaine de blessés.
Remis la veille aux autorités françaises à Montréal, ce Libano-Canadien de 60 ans est arrivé peu avant 08H00 à l'aéroport de Roissy où il a été pris en charge par les policiers à sa descente d'avion, a-t-on appris de source aéroportuaire.
Après de nombreuses formalités procédurales, il a été présenté en milieu de journée au juge antiterroriste Marc Trevidic.
Conformément aux termes du mandat d'arrêt qui avait été délivré, le magistrat a mis M. Diab en examen pour "assassinats", "tentatives d'assassinats" et "destruction de biens par l'effet d'une substance explosive ou incendiaire commise en bande organisée", a annoncé à l'AFP son avocat, Me Stéphane Bonifassi.
Cet ancien professeur de sociologie à l'université d'Ottawa a ensuite été présenté à un juge des libertés et de la détention (JLD) qui a ordonné son placement en détention provisoire, selon une source judiciaire.
Arrêté en novembre 2008 à la demande de la justice française, Hassan Diab, qui avait été remis en liberté en 2009 sous contrôle judiciaire au Canada, a toujours nié être impliqué dans la préparation ou l'exécution de cet attentat.
"Mon client proteste de son innocence. La justice canadienne a elle-même considéré que les preuves contre lui étaient faibles. Nous allons continuer le combat mené au Canada pour que son innocence soit reconnue", a affirmé à l'AFP Me Bonifassi.
Mais pour la justice française et les familles de victimes, le refus de la Cour suprême du Canada jeudi de se saisir du dossier, permettant donc son extradition, sonne comme une victoire: trois décennies après l'attentat, Hassan Diab va enfin être confronté aux éléments d'enquête qui pèsent contre lui.
"C'est un vrai soulagement", a réagi à l'AFP le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Roger Cukierman. "Il est important de montrer que quel que soit le délai, la justice passe et qu'on ne peut pas commettre de tels attentats."
- Analyses graphologiques -
Le président de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT), Guillaume Denoix de Saint-Marc, s'est dit "satisfait mais prudent".
"Les charges sont peut-être faibles, même si nous avons accès au dossier et que nous ne le pensons pas () On sait que le fil est ténu donc on s'attend à tout", a-t-il déclaré à l'AFP.
Premier attentat mortel commis contre la communauté juive de France depuis la Libération, l'attentat de la rue Copernic avait profondément marqué les esprits.
Le vendredi 3 octobre 1980 en début de soirée, veille de Shabbat, une bombe avait explosé devant la synagogue située dans l'ouest de Paris, tuant quatre personnes - un passant, un motard, le gardien de l'immeuble d'en face et une journaliste israélienne - et faisant une quarantaine de blessés.
La police française avait tout d'abord envisagé un acte commis par l'extrême droite avant de privilégier la piste moyen-orientale. Il a fini par être attribué au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), un groupe radical fondé par Wadih Haddad, qui avait revendiqué des attentats et des détournements d'avion à cette même époque.
Les enquêteurs français soupçonnent Hassan Diab d'avoir confectionné l'engin explosif avec une dizaine de kilos de penthrite, puis de le placer dans les sacoches d'une motocyclette achetée quelques jours plus tôt par un certain Alexandre Panadriyu, de nationalité chypriote.
Ils fondent leurs soupçons sur des analyses graphologiques d'une fiche d'hôtel remplie par le même Panadriyu, une fausse identité utilisée par Hassan Diab selon les policiers français.
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