Le Burkina Faso a franchi samedi une étape significative d'un retour au pouvoir des civils avec l'annonce par les militaires du rétablissement de la Constitution qu'ils avaient suspendue le jour même de la chute du président Blaise Compaoré, renversé par la rue.
Les tractations se poursuivaient également samedi entre armée et civils sur le choix des futurs dirigeants du pays pendant la période de la transition.
"La suspension de la Constitution du 2 juin 1991 est levée" afin de "permettre d'engager le processus de mise en place d'une transition civile" et "d'envisager le retour à une vie constitutionnelle normale", a déclaré le lieutenant-colonel Isaac Zida dans un communiqué.
L'actuel homme fort du pays avait déclaré cette suspension le 31 octobre, jour de la chute du président Blaise Compaoré, déchu après 27 années de règne, et qui voulait se présenter de nouveau en modifiant la Constitution.
Une telle décision était alors obligatoire du point de vue des militaires car la "vacance" du pouvoir prononcée par l'ancien chef de l'Etat lors de sa démission devait aboutir constitutionnellement à son remplacement par le président de l'Assemblée nationale, ce que refusait l'armée.
Le rétablissement de la Loi fondamentale est une étape cruciale pour le Burkina Faso, car il ouvre la porte à un examen par le Conseil constitutionnel de la charte de la transition, qui doit être signée officiellement dimanche après-midi.
La cérémonie, qui devait se tenir samedi, a été repoussée au lendemain pour des raisons "techniques", a expliqué une source militaire, liées notamment au fait que la Maison du peuple, où elle doit avoir lieu, "est en train d'être réparée".
Le timing initial, annoncé par le lt-colonel Zida, était également trop court pour que des responsables provinciaux conviés à la signature ne parviennent à temps dans la capitale.
"Nous voulons rendre compte de nos discussions à nos chefs coutumiers", a commenté samedi matin une source religieuse.
Les autorités religieuses et traditionnelles constituent l'un des trois groupes, avec l'opposition et la société civile, à avoir participé face à l'armée aux négociations sur la charte de transition.
Un accord a été trouvé jeudi soir sur ce document, qui définit les contours institutionnels de la transition, une période qui doit durer un an et qui sera ponctuée par des élections en novembre 2015.
- "Mayonnaise politique" -
Les tractations se poursuivent par ailleurs pour déterminer l'identité du futur chef intérimaire. Les civils ont jusqu'à dimanche midi (heure locale et GMT) "au plus tard" pour communiquer la "listes de leurs candidats" à un "collège de désignation", a annoncé le lt-colonel Zida samedi.
Cette instance de 23 membres, dans laquelle les civils sont majoritaires, doit ensuite désigner le nouveau président parmi ces différents candidats, ont expliqué des sources proches du dossier à l'AFP.
L'élu ne pourra être issu d'un parti politique, ce qui barre l'accès à cette charge à l'opposition. Une fois son mandat achevé, cette personnalité ne pourra participer aux scrutins prévus en 2015.
Le nom de l'archevêque de Bobo-Dioulasso, Mgr Paul Ouédraogo, semblait au départ recueillir l'assentiment général. Mais il a été écarté en début de semaine en raison de réticences de la hiérarchie catholique, selon Jonas Hien, un responsable de la société civile.
Celui de Luc Marius Ibriga, professeur d'université et dirigeant d'ONG, avait également été cité dans la presse.
"Ca ne m'intéresse pas d'être dans la mayonnaise politique. Je n'en veux pas", avait-il répondu à l'AFP, proposant plutôt le nom de Joséphine Ouédraogo, ex-cadre onusienne et ministre sous Thomas Sankara, l'ancien président burkinabè mort en 1987 dans le coup d'Etat ayant porté Blaise Compaoré au pouvoir.
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